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mercredi 10 octobre 2007

It says something to me about my life

Il y a pas mal d'années de cela, le pertinent Mishka Assayas expliquait à Bernard Lenoir que longtemps il n'avait pas compris ce que voulait dire Morrissey dans la chanson Panic de The Smiths : "Hang the blessed DJ Because the music that they constantly play It says nothing to me about my life".
Et puis avec le temps, disait-il, il avait fini par comprendre. Ce que réclame Morrissey n'est pas qu'on lui raconte sa vie, mais il veut entendre une musique qui lui parle, qu'il se sente touché, concerné, qu'elle fasse écho avec ce que lui vit.
J'avoue que moi non plus je ne comprenais pas bien et que cette explication, qui me semble bien évidente maintenant, a été une révélation.

Je me souviens il y a quelques années au théâtre des Carmes d'Avignon d'une conversation entre le tenancier André Benedetto et l'invité Michel Touraille. Touraille jouait cette année-là un spectacle d'après la conférence mort-née d'Antonin Artaud au Vieux Colombier. Benedetto avouait s'être trompé avec sa propre pièce. Il avait voulu, disait-il, par un texte plus facile, plaire au plus grand nombre, fédérer un large public. Mais Selon lui c'est Touraille qui avait eu raison. Raconter la vérité intense d'un homme parle plus au spectateur. La confrontation à une vérité touche au plus près la vérité des gens.

Ces deux réflexions me sont revenues à l'esprit alors que je tentais de me remettre du choc ressenti devant Control. Le film d'Anton Corbijn est le premier film "musical" qui me parle de ma vie au sens morrissien du terme.
Si ce film est si beau et s'il parle autant à l'intime c'est que, à la différence de la plupart des biopics (vilain mot) musicaux, il ne cherche pas à fédérer par le mythe. Il ne s'intéresse pas à un mythe, il raconte un homme. Il ne nous présente pas Ian Curtis comme un artiste maudit à la personnalité torturée, victime programmée du destin. Ian Curtis est un adolescent sensible qui écoute des disques et rêve de musique et de succès. Il est un homme normal, qui souffre d'une maladie, l'épilepsie, et qui petit à petit sombre dans la dépression au point de ne trouver d'issue que dans la mort.

Control est l'histoire d'un homme, un chanteur, qui sombre dans la dépression. Point.

Je n'avais plus pleuré depuis des années dans une salle de cinéma et je dois avouer que la scène finale m’a coupé le souffle, fait monté un gros soupir et a mouillé mes yeux. Cependant, c'est le lendemain que j'ai pris toute la mesure du film en me rendant compte que j'étais encore habité par les images, les sons et les ambiances du film. Je le suis encore. Réécoutant les disques de Joy Division, je me suis surpris à être obligé de couper au bout d'un moment pour ne pas me laisser envahir par l'émotion.

Un troisième souvenir me revient. Le jour de la mort de Kurt Cobain, j'ai demandé au barman du café ou je traîner de mettre une cassette de Joy Division que j'avais sur moi et, tremblant, j'ai pleuré Ian Curtis que je n'avais découvert que 13 ans après sa mort.

8 commentaire(s):

Anonyme a dit…

Est-ce que tu as vu '24 Hour Party People'?
C'est l'histoire de Tony Wilson, de Madchester. Ian Curtis fait partie des personnages.
J'adore Steve Coogan (alias Alan Partridge), alors ca m'a beaucoup plu.
info sur imdb

ssbsong a dit…

J'en ai entendu parler en bien. Je ne l'ai pas vu, mais je ne compte pas en rester là.
Tony Wilson était un gars très touchant. R.I.P.

Remi Godard a dit…

Encore une fois, cher Sweet Song, ton post est plein. Je suis désolé : je me creuse la tête pour trouver un mot intelligent à raconter, mais rien ne sort. Une sorte de trou noir.

Au départ, je croyais que cela venait de moi, que je ne comprenais rien à ce que tu écris, que mon inculture crasse m’empêchait de répondre à tes textes et de perpétuer le mouvement (comme tu sais si bien le faire sur So What)… Mais, en fait, je crois que c’est parce que tes posts sont pleins, qu’ils se suffisent à eux-mêmes. Pourquoi ce jugement ? Parce que ne voyant venir rien d’intelligent, je me suis autorisé à chercher un truc con à dire ! Eh ben même sous cet angle : rien.

Cela dit une question : Control est-il un documentaire ou une fiction ? Si j’en crois ton texte, Control reste avant tout un film qui veut être un film et touche par lui-même ; il dépasserait donc en qualité la bio de Johnny Cash, qui paraît-il, valait le détour (y compris pour les non-fans de Country) et pas seulement pour la performance de Joaquim Phoenix.
Personnellement, j’en ai un peu marre des performances d’acteurs qui ne font pas un film (Charlize Theron dans Monster ou Jamie Foxx dans Ray) ; alors j’aimerais bien savoir qui joue Ian Curtis et si on arrive à l’oublier pour se concentrer sur le film et l’histoire.

Tu vois : rien de bien profond…

ssbsong a dit…

hum... Je vois ce que tu veux dire. En fait, je n'écris mon post que lorsqu'il est déjà intégralement dans ma tête : l'avantage de l'inconvénient de partager l'ordi avec mon p'tit pimousse. Donc chaque post est un oeuf.
Sam Riley joue le rôle d'Ian Curtis qui était le chanteur de Joy Division, c'est bien une bio mais pas un documentaire. La performance de Riley est excellente. Sa performance vocale notamment puisqu'il chante lui-même toutes les chansons du film, et oui il est aussi chanteur. Et pour répondre vraiment à ta question, bien que mon p'tit pimousse se demande si elle aurait autant aimé le film si elle n'avait pas trouvé Riley si beau, la chance de ce film est d'être réalisé par un artiste avec une vision. Control est sans doute plus le film de Corbijn que celui de Riley.

Anonyme a dit…

tu sais c'qu'y t'dit l'cassis !?

Anonyme a dit…

moa, je mets des liens dans mes commentaires. J'em suis tres fier.

Anonyme a dit…

j'en!

ssbsong a dit…

Quel lien ? C'est chic de revenir corriger ses fautes. Meurci.
Fallait-il lire Alcoolique Anonyme ?