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lundi 30 avril 2007

Comment parler des films que l'on n'a pas vus ?

Sans m'envoyer aucunement des fleurs, enfin juste le nécessaire, je suis devenu un expert dans cette discipline particulière qui consiste à parler des films que l’on n’a pas vus. En ce sens je me permets de plagier Pierre Bayard et son succès "Comment parler des livres que l'on a pas lus ?". Bien sûr, comme vous vous en doutez, ce livre remarquable de l'ami Bayard, je ne l'ai pas lu. Cela ne m'empêche pas d'en parler et c'est bien là le sujet de ce post, que bien sûr vous n'êtes aucunement obligé de lire, etc. Je ne connais donc pas le livre de Bayard, mais comme lui et comme tout le monde, je sais qu'il existe par exemple des livres qu'on ne lit pas mais qu'on "relit".
Passons, ne sommes-nous pas ici pour parler de cinéma ?
De quoi a-t-on besoin pour parler de film que l’on n’a pas vus ? Et bien, avant toute chose, il faut aimer le cinéma. Et oui, car on peut aimer le cinéma et ne pas y aller très souvent, il n’y a pas que du bon sur nos écrans. Il faut donc, dis-je, aimer le cinéma, et lire sur le cinéma. Je dis lire, je pense à la presse, mais en fait la radio et la télé - enfin la télé pas vraiment - peuvent aussi apporter des informations fort utiles. Il faut particulièrement être sensible aux génériques et avoir une bonne mémoire des noms. Je pars du principe que pour commenter n'importe quel film il faut connaître quelques noms de sa distribution et le nom du réalisateur. Si vous avez déjà vu un film du même réalisateur, alors c'est la situation idéale. Car il est rare d'être vraiment à coté de la plaque en jugeant un film à travers le précédent du même réalisateur, vous suivez ? Le cas échéant, si vous sentez que vous allez vous faire piéger, n'hésitez pas à citer le film que vous connaissez en disant que de votre point de vue il était meilleur, ou du moins que le réalisateur faisait alors preuve de plus d'audace. Prenons le cas de... hum c'est moins facile quand on écrit, laissez moi le temps de faire un tour sur google... prenons donc le cas d'Alejandro González Iñárritu : "oui 21 grammes est un bon film, j'admets qu'il a un style, mais je pense que le film vaut surtout par sa distribution, Sean Penn est impeccable comme toujours quand il en fait pas des caisses, et ça fait plaisir de retrouver Naomi Watts en bonne forme. En effet, on ne peut pas dire que depuis Mulholland Drive elle ait beaucoup brillé. Ceci dit, je ne sais pas si tu as vu le premier film d' AGI, Amores Perros (ne jamais hésiter à citer les films en VO, vous n'êtes pas à l'abri de passer pour un blaireau, mais ça n'a jamais tué personne), mais c'était autre chose. Quelle intensité ! 41 grammes à coté c'est carrément Hollywood. Par contre, je pense que tu m'en voudras pas de passer rapidement sur Babel, dans lequel AGI poursuit son parcourt Hollywoodien en embauchant Brad Pitt. Là c'est plus un style qu'il a, ce sont carrément des tics et ce scénario, ces différentes histoires aux 4 coins du monde, ce propos "tout est lié", "le monde est petit" est pour le moins douteux."
Bon, vous vous en doutez surtout si vous avez vu les films, je n'en ai vu qu'un... Mulholland Drive. Il est évident qu'il peut vous arriver de vous retrouver le bec dans l'eau. Il vous faut alors êtres prudent et toujours avoir des données sûres. C'est pour ça qu'il faut s'intéresser au cinéma, et connaître les noms d'un max de gens.



Faisons un exercice pratique. Si je prends par exemple Mulholland Drive, film que j'ai vu me direz-vous, voici ce que j'aurais pu en dire si je ne l'avais pas vu. Mettons que j'ai vu Lost highway, le précédent film de David Lynch, si vous ne savez pas que Mulholland Drive est un film de David Lynch, la démonstration s'arrête ici... que je connaisse l'affiche, que j'ai vu la moindre bande annonce, sur internet, à la télé, alors si je décide que j'ai aimé je peux dire :
"Mulholland Drive ça m'a vraiment secoué, c'est vrai qu'on y comprend pas grand chose, mais c'est vraiment un cinéma sensoriel, qui agit sur tous les sens du spectateur. Ce travail incroyable sur le son, c'est le seul à travailler autant sur la matière sonore de es films, déjà dans Lost Highway, mais même pour la télé dans Twin Peaks, je me souviens le son lent et répétitif du lourd ventilateur au plafond - au fait tu sais que Mulholland Drive devait être une série télé au départ ? Puis y a les actrices, elles sont super bonnes (ou magnifiques selon votre style personnel). Je suis sorti de la salle, il faisait encore jour je me sentais complètement déconnecté du monde. Une vraie claque !"
Vous allez me dire : "Tu as vu le film. Facile pour toi", oui je vous autorise à me tutoyer, et bien je vous propose le test suivant : vous reprenez le même texte, vous supprimez les "actrices super bonnes" (Laura Dern, c'est pas mon genre), vous remplacez Lost Highway par Mullholland Drive, vous supprimez "devait être une série télé", vous remplacer "une vrai claque !" par "une expérience inédite !". Enfin, dernier ajustement, il faut ajouter "Cette fois DL est allé encore plus loin dans l'expérimentation. Il a trouvé une vraie liberté dans l'usage de la DV".
Comme vous l'avez compris, vous ajoutez à cela une touche personnelle, quand même il ne faut pas tout attendre prémâché, et vous avez une critique de Inland Empire, que je n'ai pas vu, comme il se doit.
Vous avez aussi le droit de choisir de ne pas avoir aimé le film, alors bien sûr vous inversez tout. "DL va trop loin, c'est purement expérimental et imbitable, puis on en a marre de ces gimmicks, de sa fumée, de ses nains (même s'il n’y en a pas, personne ne vous reprochera cette approximation), depuis Lost Highway, largement meilleur, on connaît la méthode, je filme, je monte n'importe comment pour t'embrouiller, je fous des bruits bizarres partout, je noie le tout sous des couches de musique violon(euse, esque, ...) d'Angelo Badalamenti et hop, je passe pour un grand artiste. Je me demande si au bout du compte son meilleur film n'est pas Une Histoire vraie, là au moins il y avait une vraie authenticité."

Bon voilà, à vous de vous amuser à ce petit jeu désormais. Mais surtout, si je peux vous donner un conseil, vous devriez voir Lost Highway, Mulholland Drive et Une Histoire vraie. Ce sont d'excellents films.
Enfin, je dois vous avouer que souvent alors que j'aide les gens à trouver le titre d'un film, le nom d'un acteur, ou autre, une fois que j'en ai bien parlé je n'hésite pas à dire que je n'ai pas vu le film c'est souvent plus drôle.
"...tu sais le moment où...
- Je sais pas, je l’ai pas vu."

mardi 24 avril 2007

Musiques crispantes

En m'inspirant du film Sweet Sweetback's Baadasssss Song, que je n'ai pas vu - j'y reviendrai - mais surtout de la BO composée par Melvin Van Peebles, le réalisateur lui-même, pour créer le pseudo qui me servira d'identité en ces lieux, je me sens contraint de proposer en guise de premier post quelques réflexions sur les musiques crispantes.
Je vais commencer par préciser ce que j'entends par musiques crispantes. Ce sont ces disques que l'on écoute, que l'on apprécie, qui insupportent notre entourage. Force est par ailleurs de constater que ce n'est pas le moindre de leurs intérêts. Mais pourquoi ces disques irritent-ils nos petits camarades, voire notre Dulcinée, surtout elle, ou même si l'on travaille dans un milieu cool, nos collègues de bureau ? Personne ne peut tout aimer en termes de musique, chacun a ses préférences mais il faut bien admettre que l'on peut tout supporter, du moins la plupart du temps. Par exemple, il m'est arrivé de me surprendre à chantonner en faisant mes courses, et en cela imitant toutes les personnes présentes à cet instant dans le Franprix ou je me trouvais, "Ma liberté de penser" de Florent Pagny, alors que l'envie de suicide devrait être la seule réaction en accord avec mon appréciation de la dite chanson. Pourquoi donc un tel rejet vis-à-vis de ces musiques ? Cela tient à mon avis à deux choses. L'idée que se font les gens de ce que doit être une mélodie et l'interprétation elle-même ou du moins ce que les gens entendent par bien chanter ou même chanter juste.
Il y a des années, encore étudiant, j'apprenais de notre prof de sociologie que la plupart des gens confondent mélodie et arrangements et, ce qui pose problème, déclarent que c'est la mélodie qui détermine leur préférence. Eh oui c'est la sauce, l'enrobage, le glaçage, dis-je sans peur de filer la métaphore culinaire, qui touche les gens et non la mélodie. C'est sur ce point que j'ai envie d'introduire mon premier invité de marque : Daniel Johnston.

J'ai découvert cet artiste avec son album Yip Jump Music. Ce garçon qui souffre de problèmes psychiatriques enregistre alors son album en autoproduction avec un orgue passablement pourri sur un magnétophone dont on entend clairement les touches qui s'enfoncent en début de prise de son. Si comme moi, vous avez passé la trentaine, vous avez peut-être vous aussi possédé un magnéto à cassette et savez parfaitement de quel son je parle. Daniel Johnston compose des mélodies magnifiques et imbattables comme peu savent le faire, mais la qualité de ses enregistrements, de l'époque tout au moins, est assez catastrophique. Pas de sucre, pas de sauce, reste la base, le tout joué approximativement avec des instruments plutôt dissonnants. Mais cela ne serait peut-être pas si pénible aux oreilles des gens si DJ ne chantait pas "faux". En effet, sa voix d'enfant, parfois stridente, souvent éraillée, toujours à la limite, voire juste au-delà est sûrement la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Et voici un autre élément qui caractérise les musiques crispantes : les gens n'ont aucune gêne, alors que la modération est souvent de rigueur, "les goûts et les couleurs...", à dire que "c'est à chier", et souvent d'ajouter que leur avis est purement objectif.
J'ai le sentiment que l'on reprocherait volontiers à mon message d'être long, peut-être devrais-je pondre un post sur les blogs crispants un de ces jours, aussi je vais arrêter ce premier papier avec quelques références :
- Daniel Johnston, Yip Jump Music ;
- Melvin Van Peebles, Sweet Sweetback's Baadasssss Song, délicieusement crispant ;
- Certains disques de Will Oldham, faites quelques recherches, ce gars a plein de pseudos ;
- William Shatner, si si, le gars de Star Trek ;
Ce n'est pas exhaustif, peut-être avez-vous en stock quelques références crispantes dont vous êtes friands, ce sont juste quelques-unes des miennes.