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mardi 16 octobre 2007

N.S.V.I.P *

- Je viens d’avoir mon frère au téléphone. Il me propose deux places pour Murat à la Boule Noire lundi soir. Moi, je vais y aller et toi ? Tu préfères la boxe ou tu viens avec moi ?
- Tentant. Très très tentant.


Lundi soir donc, grâce à la générosité de Mam'selle M, j'étions à la Boule Noire pour un concert "particulier" de Jean-Louis Murat, première partie Holden.
Pourquoi ce concert privé ? Pour fêter le lancement de la nouvelle formule de Libé.

Ouverture des portes 20h pétantes.

Une bière pour patienter à la terrasse du Royal. A la table derrière nous, le visage sympathique, tout en cheveux et barbe, de JP Nataf. Un quart d'heure plus tard, autre visage connu - est-il possible de ressembler autant à soi-même ? - Eric Reinhardt.
20 heures, on entre après avoir contourné la longue file d'attente pour le concert de Rose à la Cigale. Drôle d'ambiance à l'intérieure, pas l'ambiance classique des concerts dont je suis familier. Sur le comptoir des flûtes à champagne en veux-tu en voilà. On en veut. Deux longues tables dressées avec pains surprises et bâtons de légumes pour faire trempette dans la mayonnaise.
La salle est très vide. Enfin un Monsieur, dont j'ignore l'identité, monte sur scène et remercie tout le monde. Il explique que Laurent Joffrin et le reste de l'équipe sont en train de boucler mais qu'ils ne tarderont pas et annonce l'arrivée sur scène de Holden.
On s'approche de l'estrade, on est bien les seuls. La chanteuse fort court vêtue demandera avant de jouer le deuxième morceau, aux gens, encore plus frileux qu'elle, de s'approcher pour réchauffer l’atmosphère.
Un concert respectable de Holden, groupe aux chansons franchement agréables, en duo pour ce soir, guitare et voix. De temps en temps j'avais quand même envie que le guitariste presse une des pédales et se lâche un peu, mais cela restera très retenu. Les « longue vie à Libé » lancés par la chanteuse de façon bon enfant n'engendreront pas le moindre écho dans la petite foule assemblée.

Pendant ce temps, des morceaux de quiche au saumon ont commencé à tourner, portés par des serveurs plutôt gentils.
Laurent Joffrin est arrivé. Il monte sur scène et assure le classique petit discours d'entreprise : un grand merci et un grand bravo à l'équipe, et merci aussi aux personnes présentes qui sont venues soutenir ce lancement.
Combien de désistements pour justifier si peu de monde ? On commence tout doucement à regretter de ne pas être venus plus nombreux et d'avoir négocié l'entrée...
Son discours fait remonter en mémoire les minables discours qu'on a pu subir en fin de séminaire d'entreprise. Puis il annonce "Murat" et le remercie de son soutien également.

Jean-Louis et le fidèle Stéphane (Reynaud) montent sur scène. Là aussi c'est un duo, Stéphane passe derrière ses fûts, Murat branche la Telecaster et c'est parti. Dès les premiers accords Jean-Louis monte le son.
Comme depuis la dernière fois que je l'ai vu, dur de reconnaître les morceaux mais qu'importe. Liberté totale, Jean-Louis, plus Neil Young que jamais, joue ses morceaux à fond la caisse, fait ce qu'il veut de sa guitare et de sa voix. Stéphane a la banane, et une sacrée pèche, et cogne avec bonheur. Moi, le sourire jusqu'aux oreilles, je ris tout seul du pied que je prends. Je ne peux citer que 6 morceaux, y en a-t-il eu plus ? Taormina, Caillou, Le Chemin des poneys, Le Cri du papillon (méconnaissable), Parfum d'acacia au jardin, et l'imparable Jaguar pour finir. Très court donc, mais tendu et intense. Jean-louis est complètement dedans. Il ferme les yeux dès la première note de guitare et ne les rouvre qu'à la dernière, le temps notamment de réclamer un Jack Daniel’s à la place de la coupe de champagne que quelqu'un a apportée sur scène.

Mam'selle M, ignorant, comme moi et les autres, la fin très proche, s'éclipse avant le dernier morceau pour appeler un ami, Jérôme, et tenter de le faire entrer. Ils arrivent juste après la fin du set. Ce sera pour moi l'occasion de rencontrer Jérôme Castel, un gars sympa et chanteur pour lequel je vous invite à voter sur CQFD. L'occasion de parler de concerts, de Sonic Youth, de Yo la tengo, et de nos préférences françaises, Jean-Louis Murat et Dominique A.

Tiens ce serait pas Rodolphe Burger là-bas ? Non... Ah si, si si, toujours aussi classe Monsieur Burger.

A l'arrivée, une soirée à l'ambiance molle d'une fête de CE, mais une excellente soirée grâce à Mam'selle M, Jérôme et Jean-Louis Murat.

Meurci m'sieurs dames.

PS : dans le métro, je feuillette la nouvelle formule de Libé, pas très convaincu. Un article signé Bayon (un nom sympa pour un journaliste, j'appelle RSF ?) sur le survivant Edwyn Collins, autre beau souvenir de concert (en 95 ?). Et là, le dégoût. Dans un article de musique, le nom de Sarkozy ?! Oui 10 lignes sur Sarkozy pour une analogie, pas terrible au demeurant. Merde il est vraiment partout. Re-merde, il est même dans mon blog.

* Not So Very Important People (d'après un album de Lee Hazlewood - 1965)

samedi 13 octobre 2007

jeudi 11 octobre 2007

ssbsong2 : le son de ssbsong

L'événement du jour : le lancement de ssbsong2 le blog MP3 de ssbsong. Histoire d'écouter la musique que j'aime et peut-être de faire des découvertes. En espérant que ça vous plaise, ou vous amuse.

mercredi 10 octobre 2007

It says something to me about my life

Il y a pas mal d'années de cela, le pertinent Mishka Assayas expliquait à Bernard Lenoir que longtemps il n'avait pas compris ce que voulait dire Morrissey dans la chanson Panic de The Smiths : "Hang the blessed DJ Because the music that they constantly play It says nothing to me about my life".
Et puis avec le temps, disait-il, il avait fini par comprendre. Ce que réclame Morrissey n'est pas qu'on lui raconte sa vie, mais il veut entendre une musique qui lui parle, qu'il se sente touché, concerné, qu'elle fasse écho avec ce que lui vit.
J'avoue que moi non plus je ne comprenais pas bien et que cette explication, qui me semble bien évidente maintenant, a été une révélation.

Je me souviens il y a quelques années au théâtre des Carmes d'Avignon d'une conversation entre le tenancier André Benedetto et l'invité Michel Touraille. Touraille jouait cette année-là un spectacle d'après la conférence mort-née d'Antonin Artaud au Vieux Colombier. Benedetto avouait s'être trompé avec sa propre pièce. Il avait voulu, disait-il, par un texte plus facile, plaire au plus grand nombre, fédérer un large public. Mais Selon lui c'est Touraille qui avait eu raison. Raconter la vérité intense d'un homme parle plus au spectateur. La confrontation à une vérité touche au plus près la vérité des gens.

Ces deux réflexions me sont revenues à l'esprit alors que je tentais de me remettre du choc ressenti devant Control. Le film d'Anton Corbijn est le premier film "musical" qui me parle de ma vie au sens morrissien du terme.
Si ce film est si beau et s'il parle autant à l'intime c'est que, à la différence de la plupart des biopics (vilain mot) musicaux, il ne cherche pas à fédérer par le mythe. Il ne s'intéresse pas à un mythe, il raconte un homme. Il ne nous présente pas Ian Curtis comme un artiste maudit à la personnalité torturée, victime programmée du destin. Ian Curtis est un adolescent sensible qui écoute des disques et rêve de musique et de succès. Il est un homme normal, qui souffre d'une maladie, l'épilepsie, et qui petit à petit sombre dans la dépression au point de ne trouver d'issue que dans la mort.

Control est l'histoire d'un homme, un chanteur, qui sombre dans la dépression. Point.

Je n'avais plus pleuré depuis des années dans une salle de cinéma et je dois avouer que la scène finale m’a coupé le souffle, fait monté un gros soupir et a mouillé mes yeux. Cependant, c'est le lendemain que j'ai pris toute la mesure du film en me rendant compte que j'étais encore habité par les images, les sons et les ambiances du film. Je le suis encore. Réécoutant les disques de Joy Division, je me suis surpris à être obligé de couper au bout d'un moment pour ne pas me laisser envahir par l'émotion.

Un troisième souvenir me revient. Le jour de la mort de Kurt Cobain, j'ai demandé au barman du café ou je traîner de mettre une cassette de Joy Division que j'avais sur moi et, tremblant, j'ai pleuré Ian Curtis que je n'avais découvert que 13 ans après sa mort.