# Accueil

# ssbsong2      /      # Skins : Indians | Rose | Rouge

jeudi 20 septembre 2007

The Bourne Subtlety

Dimanche dernier, ma pop-girl, J.K. et moi-même, sommes allés voir The Bourne Ultimatum (La vengeance dans la peau). Un pur régal virevoltant. Ultra réaliste, ultra speed, malin, subtil. On se sent projeté au coeur des événements, de l'action, chahuté. On en ressort euphorique. Comme la presse nous le dit beaucoup, c'est probablement le meilleur de la série, elle-même excellente. La scène dans la gare de Londres est vraiment magistrale. Et en plus avec Jason on voyage : Italie, Espagne, Angleterre, Maroc...

Ce qui m'intéresse ici, c'est une scène bien particulière.
Jason Bourne, posté à la fenêtre d'un immeuble, parle avec Pamela Landy au téléphone tout en l'observant dans son bureau. Elle le remercie pour la cassette (envoyée dans The Bourne Supremacy), et lui dit que son vrai nom est David Webb et qu'il est né le 15/04/71. Avant de raccrocher, il lui dit "Reposez-vous, vous avez l'air fatigué". Elle comprend alors, ainsi que la CIA qui l'a mise sur écoute, qu'il est assez près pour l'observer.
Il s'avère que la date de naissance est fausse (David Webb est né le 13/09/70 comme elle le lui dira plus tard) et qu'elle indique l'adresse des bureaux Blackbriar.

A 2:20 de la fin (pas trouvé mieux)


En sortant de la salle, je dis à J.K. et ma pop-girl : "C'est marrant, le coup du 'Reposez-vous, vous avez l'air fatigué', il lui a déjà fait dans le précédent épisode je crois".

Mardi soir, désespérés par l'offre de la télévision, on décide de voir La mort dans la peau, que ma pop-girl n'a pas vu. Et là, ô surprise, cette scène est la scène finale de cet épisode, copie conforme.



La fin de La mort dans la peau est une feinte. A la fois, on est obligé de se rendre compte en le revoyant qu'on connaît déjà son identité lorsqu’on s’installe devant La vengeance, que cette date de naissance est fausse et que d’une certaine façon toute cette scène de La mort est un mensonge. En effet, elle n’est qu’un morceau du 3 proposé à la fois comme épilogue et teaser masqué. Une sorte de ghost track.
Paul Greengrass est malin : le fait de faire commencer son film dans Moscou, Jason Bourne mal en point et poursuivi par la police, m'a fait oublier non seulement ce faux épilogue mais en plus a réussi à troubler mes souvenirs, me laissant croire que la scène où Jason Bourne sort vers la lumière après l’accident dans le tunnel moscovite était la scène finale du film et qu'il avait donc à ce moment là déjà parlé à la fille de ses premières victimes.
Ma première impression a été qu’une erreur s'était glissée. Que le troisième épisode n'était pas prévu et que cette scène double était une sorte de raccord maladroit pour faire un sort à cet épilogue devenu embarrassant au moment de faire la suite. L'idée qu'un troisième épisode n'était pas prévu n'étant pas recevable, et les épisodes 2 et 3, dirigés par le même réalisateur, constituant une seule et même oeuvre légèrement en marge du premier, font au contraire de cette scène une sorte de pivot. Elle transforme l'épilogue du 2 en fausse piste, place l'action du 3 au coeur même du 2, et n'étant pas la scène finale du 3 crée une unité imprévue entre les 2 épisodes diaboliquement entremêlés.

Ce procédé me fait penser un peu aux images magnifiques insérées, comme des prémonitions, par Wong Kar-Wai dans Happy Together. Ainsi, on voit au début du film des images des chutes d'Iguaçu, alors que le personnage joué par Tony Leung ne s'y rendra qu'à la fin du film. Il avait d'ailleurs déjà fait le coup dans Nos années sauvages avec en début de film des images d’une jungle qu'on ne retrouve comme lieu de l'action qu'à la fin du film. Enfin, et c'est là un coup de maître, l'épilogue de Nos années sauvages nous montre Tony Leung, qui n'est pas apparu jusque là et n'est donc pas un personnage du film, enfiler une veste, corriger sa coiffure et sortir de son appartement. Ce personnage n'est autre que celui de In The Mood For Love. Si ça c'est pas du teaser !

Cheyenne Autumn

Tout le monde, enfin, quelques personnes se demandent : pourquoi des Indiens ? J'avoue m'être posé moi-même la question. Etant en analyse depuis plusieurs années j'ai appris à chercher et surtout trouver des réponses à mes actes les moins lisibles. Voici, si ce n'est la réponse, une réponse. C'est la rentrée, et j'en ai envie. C'est la rentrée, le retour de l'automne, du froid. J'ai envie d'entendre sous les semelles de mes bottes les feuilles brunes croustiller. Donc une nouvelle skin pour la rentrée, l'automne. Donc une skin brune, un peu fanée, un peu craquelée comme la saison qui s'ouvre. Enfin, parce que l'automne est forcément indien, comme pour certains l'été. Depuis Jean-Louis Murat l'automne est surtout Cheyenne.

Pendant les mois de dépression - aujourd'hui finis, c'est la rentrée, l'automne comme un printemps - une chanson m'a fait tenir le coup.

>> Ecouter Le troupeau

jeudi 13 septembre 2007

Du murmure à la déflagration

Mardi 11 septembre, 19h30, ma pop-girl et moi-même nous joignons à la foule qui traverse la cité de la musique. Puis, peu à peu, nous réalisons que tout ce monde, trop de monde, se dirige vers le Zénith pour assister au concert d'Elton John. Bifurcation. Direction le Trabendo pour un concert qui restera longtemps dans ma mémoire.
Yo la tengo... Enfin !
Le trio qui compose Yo la tengo ressemble à tout le monde et pourrait être vos voisins de palier, peut-être même que vos voisins ont l'air plus Rock n' Roll.
La première chose à me frapper, c'est bien le cas de le dire, c'est la mécanique parfaite de la batterie et de la basse, contrepoint idéal à la liberté totale de la guitare d'Ira Kaplan. Un rythme implacable, parfaitement plaqué, étonnamment rentre-dedans. Notamment ces trois notes de basse jouées en boucle par James Mc New pendant plus de 10 minutes pour laisser s'envoler les délires bruitistes d'un Ira Kaplan qui n'a pas peur de mouiller le tee-shirt.
La deuxième chose qui sidère, c'est la voix tellement claire et pure de Georgia. En particulier sur le premier morceau calme joué, Ira au clavier, quasi-jazzy, Tears are in your eyes tonight. Des frissons le long de l'échine.


C'est bien entre cette douceur, ce quasi-murmure, cette musique proche du silence, et la déflagration qui se déchaîne sur des morceaux qui tournent presque jusqu'à l'épuisement auditif et physique que tout se joue. C'est ce grand écart qui fait la spécificité du son de Yo la tengo, qui donnerait envie de le déclarer le groupe le plus doux et le plus violent de la planète. Dans les chansons les plus douces, le public respectueux, la salle était d'un silence entêtant. Dans les distorsions, parfois presque éprouvantes, ça braillait pas mal, et on voyait les oreilles se combler de bouchons, parfois de fortune - des bouts de kleenex.


Le concert s'achèvera dans la douceur, lors d'un second rappel, avec un approximatif et délicat My little corner of the world.
Dans l'ensemble un son excellent, trois voix superbes qui se marient, s'opposent et se complètent à la perfection, trois musiciens qui peuvent tout jouer, changeant d'instrument quand bon leur semble. Enfin, trois personnes natures et adorables - étrange contraste que d'entendre la voix d'Ira, douce et aiguë, un peu à la Woody Allen, nous remercier gentiment, après avoir hurlé et fait hurler sa guitare pendant plus de 10 minutes à vous couper le souffle et les jambes.
Un seul constat négatif, je ne connais que trop peu d’albums de ce groupe.