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mardi 25 décembre 2007

Bloody Xmas

Nous sommes le 25 décembre, le jour de Noël donc. Je suis en train d'écouter My Bloody Valentine et je me sens assez seul sans ma Friandise de Noël. On est toujours un peu plus seul les jours où les gens sont censés se retrouver en famille. Mais c'est pas trop la déprime au fond. C'est l'occasion de penser aux gens qui comptent et qui sont loin : aux USA, en Malaisie, à Lisbonne, au Pays Basque (ou en Alsace ?), à Bruxelles, dans le sud de la France ou dans les montagnes... A ceux qui sont à Paris aussi.

Alors puisque j'écoute ce groupe mythique, en partie pour fêter l'annonce de sa reformation, une petite vidéo de My Bloody Valentine envoyée par une de ces fameuses personnes.

Joyeux Noël !

vendredi 7 décembre 2007

Au-delà des fumées


Ce matin, au sortir de mon immeuble, je suis tombé sur un chantier. Les ouvriers étaient en train de couler du goudron pour combler la tranchée sur laquelle ils travaillaient depuis plusieurs semaines. L'odeur du bitume chaud et fumant est passée directement de mes narines à un coin reculé de mon cerveau et a réactivé ma mémoire. On connaît le potentiel d'évocation des odeurs et les sollicitations qu'elles envoient directement à nos neurones faisant ainsi remonter des vrais morceaux de vie entiers, comme dans les yaourts. L'odeur du goudron chaud est la même exactement que celle que dégageait la pâte à modeler avec laquelle je jouais enfant. Une époque ou on etait sans doute moins soucieux des produits que manipulent les bambins. Une sorte de bain de jouvence, pas d'image claire mais une sensation qui prend le corps entier et rafraichit les cellules tout en faisant mesurer le temps écoulé.

Et hop, la photo du papa diplomate :

jeudi 22 novembre 2007

Reader's digest


Comme le temps passe. Trop d'activités, trop de distractions... et pas de post depuis quelques temps. Activités ? Et bien en vrac, sans hiérarchie : une passion soudaine pour les compotes pommes/poires maison qui me garde en cuisine et à laquelle s'est ajoutée la préparation de soupe de légumes. Ca change de Liebig. Une vidéo en cours de montage, une affiche, une compilation pour une soirée parisienne à venir. Vous en saurez plus très bientôt. Les grèves et la chanson de Miossec qui me trotte souvent dans la tête ces jours derniers on était tellement de gauche... La préparation d'une invitation pour le 31 décembre à la maison et l'épluchage de catalogues à la recherche des meilleurs produits au meilleur prix.
Tout ceci n'est pas une excuse, certes non. M'enfin nous avons tout de même, ma sparing partner et moi, trouvé le temps d'aller voir le film de Gus Van Sant. Est-ce que le nom de Christopher Doyle, que j'ai capté au générique d'ouverture, m'a mis dans de bonnes dispositions ? J'ai trouvé le film vraiment très beau, très subtile. J'ai aimé les images hypnotiques de skate, j'ai aimé le jeu avec la narration et j'ai aimé entendre la voix d'Elliott Smith. Je vous le recommande. Au fait, Christopher Doyle est, entre autres, le directeur photo de Wong Kar-Wai.

vendredi 2 novembre 2007

Je vous ai fait peur ? Je suis désolé.


Impossible d'écrire quelque chose de pertinent. Juste cette phrase qui revient, comme une ponctuation, dans Infernal Affairs III:
Je vous ai fait peur ? Je suis désolé.

I


II


III

mardi 16 octobre 2007

N.S.V.I.P *

- Je viens d’avoir mon frère au téléphone. Il me propose deux places pour Murat à la Boule Noire lundi soir. Moi, je vais y aller et toi ? Tu préfères la boxe ou tu viens avec moi ?
- Tentant. Très très tentant.


Lundi soir donc, grâce à la générosité de Mam'selle M, j'étions à la Boule Noire pour un concert "particulier" de Jean-Louis Murat, première partie Holden.
Pourquoi ce concert privé ? Pour fêter le lancement de la nouvelle formule de Libé.

Ouverture des portes 20h pétantes.

Une bière pour patienter à la terrasse du Royal. A la table derrière nous, le visage sympathique, tout en cheveux et barbe, de JP Nataf. Un quart d'heure plus tard, autre visage connu - est-il possible de ressembler autant à soi-même ? - Eric Reinhardt.
20 heures, on entre après avoir contourné la longue file d'attente pour le concert de Rose à la Cigale. Drôle d'ambiance à l'intérieure, pas l'ambiance classique des concerts dont je suis familier. Sur le comptoir des flûtes à champagne en veux-tu en voilà. On en veut. Deux longues tables dressées avec pains surprises et bâtons de légumes pour faire trempette dans la mayonnaise.
La salle est très vide. Enfin un Monsieur, dont j'ignore l'identité, monte sur scène et remercie tout le monde. Il explique que Laurent Joffrin et le reste de l'équipe sont en train de boucler mais qu'ils ne tarderont pas et annonce l'arrivée sur scène de Holden.
On s'approche de l'estrade, on est bien les seuls. La chanteuse fort court vêtue demandera avant de jouer le deuxième morceau, aux gens, encore plus frileux qu'elle, de s'approcher pour réchauffer l’atmosphère.
Un concert respectable de Holden, groupe aux chansons franchement agréables, en duo pour ce soir, guitare et voix. De temps en temps j'avais quand même envie que le guitariste presse une des pédales et se lâche un peu, mais cela restera très retenu. Les « longue vie à Libé » lancés par la chanteuse de façon bon enfant n'engendreront pas le moindre écho dans la petite foule assemblée.

Pendant ce temps, des morceaux de quiche au saumon ont commencé à tourner, portés par des serveurs plutôt gentils.
Laurent Joffrin est arrivé. Il monte sur scène et assure le classique petit discours d'entreprise : un grand merci et un grand bravo à l'équipe, et merci aussi aux personnes présentes qui sont venues soutenir ce lancement.
Combien de désistements pour justifier si peu de monde ? On commence tout doucement à regretter de ne pas être venus plus nombreux et d'avoir négocié l'entrée...
Son discours fait remonter en mémoire les minables discours qu'on a pu subir en fin de séminaire d'entreprise. Puis il annonce "Murat" et le remercie de son soutien également.

Jean-Louis et le fidèle Stéphane (Reynaud) montent sur scène. Là aussi c'est un duo, Stéphane passe derrière ses fûts, Murat branche la Telecaster et c'est parti. Dès les premiers accords Jean-Louis monte le son.
Comme depuis la dernière fois que je l'ai vu, dur de reconnaître les morceaux mais qu'importe. Liberté totale, Jean-Louis, plus Neil Young que jamais, joue ses morceaux à fond la caisse, fait ce qu'il veut de sa guitare et de sa voix. Stéphane a la banane, et une sacrée pèche, et cogne avec bonheur. Moi, le sourire jusqu'aux oreilles, je ris tout seul du pied que je prends. Je ne peux citer que 6 morceaux, y en a-t-il eu plus ? Taormina, Caillou, Le Chemin des poneys, Le Cri du papillon (méconnaissable), Parfum d'acacia au jardin, et l'imparable Jaguar pour finir. Très court donc, mais tendu et intense. Jean-louis est complètement dedans. Il ferme les yeux dès la première note de guitare et ne les rouvre qu'à la dernière, le temps notamment de réclamer un Jack Daniel’s à la place de la coupe de champagne que quelqu'un a apportée sur scène.

Mam'selle M, ignorant, comme moi et les autres, la fin très proche, s'éclipse avant le dernier morceau pour appeler un ami, Jérôme, et tenter de le faire entrer. Ils arrivent juste après la fin du set. Ce sera pour moi l'occasion de rencontrer Jérôme Castel, un gars sympa et chanteur pour lequel je vous invite à voter sur CQFD. L'occasion de parler de concerts, de Sonic Youth, de Yo la tengo, et de nos préférences françaises, Jean-Louis Murat et Dominique A.

Tiens ce serait pas Rodolphe Burger là-bas ? Non... Ah si, si si, toujours aussi classe Monsieur Burger.

A l'arrivée, une soirée à l'ambiance molle d'une fête de CE, mais une excellente soirée grâce à Mam'selle M, Jérôme et Jean-Louis Murat.

Meurci m'sieurs dames.

PS : dans le métro, je feuillette la nouvelle formule de Libé, pas très convaincu. Un article signé Bayon (un nom sympa pour un journaliste, j'appelle RSF ?) sur le survivant Edwyn Collins, autre beau souvenir de concert (en 95 ?). Et là, le dégoût. Dans un article de musique, le nom de Sarkozy ?! Oui 10 lignes sur Sarkozy pour une analogie, pas terrible au demeurant. Merde il est vraiment partout. Re-merde, il est même dans mon blog.

* Not So Very Important People (d'après un album de Lee Hazlewood - 1965)

samedi 13 octobre 2007

jeudi 11 octobre 2007

ssbsong2 : le son de ssbsong

L'événement du jour : le lancement de ssbsong2 le blog MP3 de ssbsong. Histoire d'écouter la musique que j'aime et peut-être de faire des découvertes. En espérant que ça vous plaise, ou vous amuse.

mercredi 10 octobre 2007

It says something to me about my life

Il y a pas mal d'années de cela, le pertinent Mishka Assayas expliquait à Bernard Lenoir que longtemps il n'avait pas compris ce que voulait dire Morrissey dans la chanson Panic de The Smiths : "Hang the blessed DJ Because the music that they constantly play It says nothing to me about my life".
Et puis avec le temps, disait-il, il avait fini par comprendre. Ce que réclame Morrissey n'est pas qu'on lui raconte sa vie, mais il veut entendre une musique qui lui parle, qu'il se sente touché, concerné, qu'elle fasse écho avec ce que lui vit.
J'avoue que moi non plus je ne comprenais pas bien et que cette explication, qui me semble bien évidente maintenant, a été une révélation.

Je me souviens il y a quelques années au théâtre des Carmes d'Avignon d'une conversation entre le tenancier André Benedetto et l'invité Michel Touraille. Touraille jouait cette année-là un spectacle d'après la conférence mort-née d'Antonin Artaud au Vieux Colombier. Benedetto avouait s'être trompé avec sa propre pièce. Il avait voulu, disait-il, par un texte plus facile, plaire au plus grand nombre, fédérer un large public. Mais Selon lui c'est Touraille qui avait eu raison. Raconter la vérité intense d'un homme parle plus au spectateur. La confrontation à une vérité touche au plus près la vérité des gens.

Ces deux réflexions me sont revenues à l'esprit alors que je tentais de me remettre du choc ressenti devant Control. Le film d'Anton Corbijn est le premier film "musical" qui me parle de ma vie au sens morrissien du terme.
Si ce film est si beau et s'il parle autant à l'intime c'est que, à la différence de la plupart des biopics (vilain mot) musicaux, il ne cherche pas à fédérer par le mythe. Il ne s'intéresse pas à un mythe, il raconte un homme. Il ne nous présente pas Ian Curtis comme un artiste maudit à la personnalité torturée, victime programmée du destin. Ian Curtis est un adolescent sensible qui écoute des disques et rêve de musique et de succès. Il est un homme normal, qui souffre d'une maladie, l'épilepsie, et qui petit à petit sombre dans la dépression au point de ne trouver d'issue que dans la mort.

Control est l'histoire d'un homme, un chanteur, qui sombre dans la dépression. Point.

Je n'avais plus pleuré depuis des années dans une salle de cinéma et je dois avouer que la scène finale m’a coupé le souffle, fait monté un gros soupir et a mouillé mes yeux. Cependant, c'est le lendemain que j'ai pris toute la mesure du film en me rendant compte que j'étais encore habité par les images, les sons et les ambiances du film. Je le suis encore. Réécoutant les disques de Joy Division, je me suis surpris à être obligé de couper au bout d'un moment pour ne pas me laisser envahir par l'émotion.

Un troisième souvenir me revient. Le jour de la mort de Kurt Cobain, j'ai demandé au barman du café ou je traîner de mettre une cassette de Joy Division que j'avais sur moi et, tremblant, j'ai pleuré Ian Curtis que je n'avais découvert que 13 ans après sa mort.

jeudi 20 septembre 2007

The Bourne Subtlety

Dimanche dernier, ma pop-girl, J.K. et moi-même, sommes allés voir The Bourne Ultimatum (La vengeance dans la peau). Un pur régal virevoltant. Ultra réaliste, ultra speed, malin, subtil. On se sent projeté au coeur des événements, de l'action, chahuté. On en ressort euphorique. Comme la presse nous le dit beaucoup, c'est probablement le meilleur de la série, elle-même excellente. La scène dans la gare de Londres est vraiment magistrale. Et en plus avec Jason on voyage : Italie, Espagne, Angleterre, Maroc...

Ce qui m'intéresse ici, c'est une scène bien particulière.
Jason Bourne, posté à la fenêtre d'un immeuble, parle avec Pamela Landy au téléphone tout en l'observant dans son bureau. Elle le remercie pour la cassette (envoyée dans The Bourne Supremacy), et lui dit que son vrai nom est David Webb et qu'il est né le 15/04/71. Avant de raccrocher, il lui dit "Reposez-vous, vous avez l'air fatigué". Elle comprend alors, ainsi que la CIA qui l'a mise sur écoute, qu'il est assez près pour l'observer.
Il s'avère que la date de naissance est fausse (David Webb est né le 13/09/70 comme elle le lui dira plus tard) et qu'elle indique l'adresse des bureaux Blackbriar.

A 2:20 de la fin (pas trouvé mieux)


En sortant de la salle, je dis à J.K. et ma pop-girl : "C'est marrant, le coup du 'Reposez-vous, vous avez l'air fatigué', il lui a déjà fait dans le précédent épisode je crois".

Mardi soir, désespérés par l'offre de la télévision, on décide de voir La mort dans la peau, que ma pop-girl n'a pas vu. Et là, ô surprise, cette scène est la scène finale de cet épisode, copie conforme.



La fin de La mort dans la peau est une feinte. A la fois, on est obligé de se rendre compte en le revoyant qu'on connaît déjà son identité lorsqu’on s’installe devant La vengeance, que cette date de naissance est fausse et que d’une certaine façon toute cette scène de La mort est un mensonge. En effet, elle n’est qu’un morceau du 3 proposé à la fois comme épilogue et teaser masqué. Une sorte de ghost track.
Paul Greengrass est malin : le fait de faire commencer son film dans Moscou, Jason Bourne mal en point et poursuivi par la police, m'a fait oublier non seulement ce faux épilogue mais en plus a réussi à troubler mes souvenirs, me laissant croire que la scène où Jason Bourne sort vers la lumière après l’accident dans le tunnel moscovite était la scène finale du film et qu'il avait donc à ce moment là déjà parlé à la fille de ses premières victimes.
Ma première impression a été qu’une erreur s'était glissée. Que le troisième épisode n'était pas prévu et que cette scène double était une sorte de raccord maladroit pour faire un sort à cet épilogue devenu embarrassant au moment de faire la suite. L'idée qu'un troisième épisode n'était pas prévu n'étant pas recevable, et les épisodes 2 et 3, dirigés par le même réalisateur, constituant une seule et même oeuvre légèrement en marge du premier, font au contraire de cette scène une sorte de pivot. Elle transforme l'épilogue du 2 en fausse piste, place l'action du 3 au coeur même du 2, et n'étant pas la scène finale du 3 crée une unité imprévue entre les 2 épisodes diaboliquement entremêlés.

Ce procédé me fait penser un peu aux images magnifiques insérées, comme des prémonitions, par Wong Kar-Wai dans Happy Together. Ainsi, on voit au début du film des images des chutes d'Iguaçu, alors que le personnage joué par Tony Leung ne s'y rendra qu'à la fin du film. Il avait d'ailleurs déjà fait le coup dans Nos années sauvages avec en début de film des images d’une jungle qu'on ne retrouve comme lieu de l'action qu'à la fin du film. Enfin, et c'est là un coup de maître, l'épilogue de Nos années sauvages nous montre Tony Leung, qui n'est pas apparu jusque là et n'est donc pas un personnage du film, enfiler une veste, corriger sa coiffure et sortir de son appartement. Ce personnage n'est autre que celui de In The Mood For Love. Si ça c'est pas du teaser !

Cheyenne Autumn

Tout le monde, enfin, quelques personnes se demandent : pourquoi des Indiens ? J'avoue m'être posé moi-même la question. Etant en analyse depuis plusieurs années j'ai appris à chercher et surtout trouver des réponses à mes actes les moins lisibles. Voici, si ce n'est la réponse, une réponse. C'est la rentrée, et j'en ai envie. C'est la rentrée, le retour de l'automne, du froid. J'ai envie d'entendre sous les semelles de mes bottes les feuilles brunes croustiller. Donc une nouvelle skin pour la rentrée, l'automne. Donc une skin brune, un peu fanée, un peu craquelée comme la saison qui s'ouvre. Enfin, parce que l'automne est forcément indien, comme pour certains l'été. Depuis Jean-Louis Murat l'automne est surtout Cheyenne.

Pendant les mois de dépression - aujourd'hui finis, c'est la rentrée, l'automne comme un printemps - une chanson m'a fait tenir le coup.

>> Ecouter Le troupeau

jeudi 13 septembre 2007

Du murmure à la déflagration

Mardi 11 septembre, 19h30, ma pop-girl et moi-même nous joignons à la foule qui traverse la cité de la musique. Puis, peu à peu, nous réalisons que tout ce monde, trop de monde, se dirige vers le Zénith pour assister au concert d'Elton John. Bifurcation. Direction le Trabendo pour un concert qui restera longtemps dans ma mémoire.
Yo la tengo... Enfin !
Le trio qui compose Yo la tengo ressemble à tout le monde et pourrait être vos voisins de palier, peut-être même que vos voisins ont l'air plus Rock n' Roll.
La première chose à me frapper, c'est bien le cas de le dire, c'est la mécanique parfaite de la batterie et de la basse, contrepoint idéal à la liberté totale de la guitare d'Ira Kaplan. Un rythme implacable, parfaitement plaqué, étonnamment rentre-dedans. Notamment ces trois notes de basse jouées en boucle par James Mc New pendant plus de 10 minutes pour laisser s'envoler les délires bruitistes d'un Ira Kaplan qui n'a pas peur de mouiller le tee-shirt.
La deuxième chose qui sidère, c'est la voix tellement claire et pure de Georgia. En particulier sur le premier morceau calme joué, Ira au clavier, quasi-jazzy, Tears are in your eyes tonight. Des frissons le long de l'échine.


C'est bien entre cette douceur, ce quasi-murmure, cette musique proche du silence, et la déflagration qui se déchaîne sur des morceaux qui tournent presque jusqu'à l'épuisement auditif et physique que tout se joue. C'est ce grand écart qui fait la spécificité du son de Yo la tengo, qui donnerait envie de le déclarer le groupe le plus doux et le plus violent de la planète. Dans les chansons les plus douces, le public respectueux, la salle était d'un silence entêtant. Dans les distorsions, parfois presque éprouvantes, ça braillait pas mal, et on voyait les oreilles se combler de bouchons, parfois de fortune - des bouts de kleenex.


Le concert s'achèvera dans la douceur, lors d'un second rappel, avec un approximatif et délicat My little corner of the world.
Dans l'ensemble un son excellent, trois voix superbes qui se marient, s'opposent et se complètent à la perfection, trois musiciens qui peuvent tout jouer, changeant d'instrument quand bon leur semble. Enfin, trois personnes natures et adorables - étrange contraste que d'entendre la voix d'Ira, douce et aiguë, un peu à la Woody Allen, nous remercier gentiment, après avoir hurlé et fait hurler sa guitare pendant plus de 10 minutes à vous couper le souffle et les jambes.
Un seul constat négatif, je ne connais que trop peu d’albums de ce groupe.

jeudi 23 août 2007

Une fois n'est pas coutume

Une photo de moi.

Hazlewoodism - Le T-shirt

En hommage à Lee Hazlewood, je me suis fait un T-shirt. Un tour sur internet, une belle photo, un peu de photoshop, un bon coup d'illustrator... et hop.
Si vous êtes fan, vous pouvez télécharger le fichier (114 ko) et vous rendre dans une boutique spécialisée proche de chez vous pour vous faire votre T-shirt "Hazlewoodism".

Il ressemble à ça :

On a les héros qu'on mérite - Les réponses

J'ai mangé tous les Mister Freeze. En plus, par le temps qu'il fait, c'est pas tentant.
Personne n'a trouvé les bonnes réponses. Les voici :


Winnetou


Dick Turpin
Dick Turpin


Jack Vincent
Jack Vincent (Les Contrebandiers)

lundi 6 août 2007

Lee Hazlewood est mort

Que de morts célèbres en ces mois d'été ! Que de noms entendus à la radio ! Que d'hommages ! L'émotion ne se divise pas, certes, mais tout ce bruit et pas un mot sur Lee. Lee Hazlewood est mort samedi 4 août. C'est ma Debbie Harry Potelée qui me l'apprend. Pas un mot, pas un hommage, pas une chanson sur les ondes. Dimanche soir, ignorant encore la chose, j'ai tondu ma barbe et n'ai gardé qu'une moustache... Drôle de sensation. Drôle de vide. Immense.

Gai comme un italien...

Où : (La bella cucina de) la Bocca, 59 rue Montmartre 75002 Paris
Quand : samedi 20h
Qui : Ma Debbie Harry Potelée et moi-même
Apéro : MDHP : Ricard / Moi : bière italienne (dont j'ai oublié le nom)
Entrée : bruschetta et calamars frits (posez au milieu on va partager)
Plat : ravioli à la truffe blanche et aux pleurotes (c'est rare mais parfois on prend la même chose)
Vin : rouge italien (dont j'ai oublié le nom)
Dessert : MDHP : salade de fruit / Moi : tiramisu
Cadre : agréable
Accueil et service : simple et sympathique

Soirée : parfaite !

jeudi 2 août 2007

Fêlure à la radio

Mercredi 1er août, France Inter, flash de 11h. La présentatrice commence son monologue. Quelque chose ne va pas dans sa voix. Elle parle vite, elle respire fort. Quelque chose dans sa gorge semble coincé mettant dans sa voix des trémolos. Il y a comme une fêlure. Les informations, la mort d'un gamin tombé d'un toit, les 69 morts en Irak, les sans-papiers à Lille, se teintent d'une intensité peu courante. J'appelle ma Debbie Harry Potelée pour lui faire partager mon émotion. "Elle pleure" me dit-elle, et s'éclipse avec pudeur, embarrassée par le sentiment d'assister à une scène intime. Quand à moi, je ne sais si c'est une tristesse personnelle mais cette vibration donne chair à ce qui est dit.

L'explication viendra plus tard. L'animatrice s'est trompée de studio et a traversé toute la maison de la radio pour se rendre au bon endroit. Elle ne pleure pas. Elle cherche son souffle, à se remettre de sa folle course. Pas de regret pourtant, mon émotion à moi était bien réelle.

dimanche 29 juillet 2007

On a les héros qu'on mérite

Cette phrase entendue à la radio récemment m'a incité à me pencher sur les héros de mon enfance.


Vous avez entre 30 et 40 ans, vous regardiez beaucoup la télé quand vous étiez petits ? Celui qui me donne le nom de ces 3 personnages gagne un Mister Freeze au citron.

Premier degré / deuxième degré (suite)

Si vous aussi vous trouvez le post précédent un peu trop premier degré, je vous invite à le lire à haute voix en imitant Patrick Brion, l'inénarrable voix du Cinéma de minuit. De suite, ça n'a plus rien à voir.

vendredi 27 juillet 2007

Premier degré / deuxième degré

Il existe un cinéma passionnant dont le principe est de s'autoriser le premier degré. Souvent, dans les salles, face à ce genre de film on peut sentir une certaine crispation, quelques rires mal placés, un peu ostentatoires, qui signifient "là, je ne marche pas" ou "là, vous en faites trop les gars". Si ce cinéma est véritablement prenant, c’est parce qu'il ne cherche auprès du spectateur aucune complicité, il ne propose aucun clin d'oeil, aucune échappatoire à ce qu'il donne à voir. Plus exactement, il existe bien une forme de complicité. On pourrait parler d'un pacte avec le spectateur, un pacte qui signifie "prends ce que je te donne pour argent comptant".
Le réalisateur le plus emblématique de ce cinéma premier degré est Michael Mann. Il ne s'agit pas de s’étendre sur sa méthode de travail extrêmement pointue et documentée, ni sur les heures d'immersion que doivent subir ses acteurs pour devenir un flic, un reporter ou un tueur à gage. Cette méthode documentaire renforce bien sûr la dimension premier degré et surtout la rend complètement acceptable par son réalisme. Non, ce qui est plus intéressant, c'est ce que ça donne sur un écran : un spectacle total qui ne se défroque jamais, qui ne s'allège jamais, ne permet aucune esquive. On a face à ses films, notamment son dernier Miami Vice, l'impression d'une intensité qui ne transige pas. Mise à part la projection de Trouble Everyday de Claire Denis, réalisatrice que l'on pourrait, au moins dans ce cas, considérer comme appartenant à cette tendance premier degré, celle de Révélations est le seul souvenir que je garde d'une salle qui se vide. Car ce cinéma premier degré est fortement antipathique pour une partie du public qui ne supporte pas d'être exclu à ce point du film qu'il regarde. Miami vice est sorti en salle a peu près à la même époque que Little Miss Sunshine. Ces films sont à l'opposé d'un éventail de possibles cinématographiques. Pendant la projection de Little Miss Sunshine, la salle se tordait de rire, jubilait, riant même lorsque ce n'était pas nécessaire, voire souhaitable. Les gens avaient envie d'applaudir. Ils en avaient pour leur argent. Ils venaient de regarder un film qui les rendait complices, qui les satisfaisait à tous les niveaux de leurs attentes. Cependant, ce film, malgré sa distribution et son importante couverture médiatique, nous était présenté comme un petit film indépendant, le petit film qu'il faut voir. A l'arrivée, hormis les affiches dans le métro, on a beaucoup plus entendu parler de ce film que de Miami Vice, qui a été un peu négligé et présenté comme un des blockbusters de l'été. L'impression qu'il en reste après coup est d'avoir vu un blockbuster d'auteur, et un "petit film indépendant" grand public et commercial.


A cette étape là on aurait envie de dire "Vive le cinéma premier degré", mais... En ce moment dans les salles - peu nombreuses et pour combien de temps encore ? - on peut voir Exilé de Johnnie To et nous voilà soudain réconciliés avec le second degré. Probablement moins bon que The Mission, Exilé reste un très bon film de Johnnie To. Pour ses scènes de violence spectaculaires, pour ses scènes de calme et d'humour anodin, pour ce style qui fait de Johnnie To l'héritier le plus crédible de Sergio Leone, plans serrés, longues pauses, montée de la tension avant l'explosion. Abusant des situations impossibles, de rencontres fortuites, d'enchaînements inattendus, par exemple cette préparation du repas au début du film entre des tueurs à gage qui viennent de s'affronter dans un duel à trois (on dirait volontiers truel, mais c'est plus une histoire de maçon), autre renvoi à Sergio Leone et qui rappelle le repas de Breaking News, film très agréable mais plus standardisé qu'il faut impérativement voir pour son plan séquence inaugural. Le film abuse aussi d'un humour à répétition, qui ferait presque penser aux films de Zucker par son systématisme, par exemple s’en remettre systématiquement au pile ou face pour toutes les décisions à prendre, cette route / l’autre, on le fait / on le fait pas, on y retourne / on n'y retourne pas... Résultat : on s'attache terriblement à ces personnages un peu paumés dont le premier degré des silhouettes, le look et l'attitude too much sont contrebalancés par l'humour des situations et l’imprévu de leurs réactions, en un mot par le second degré. C'est ce second degré qui donne envie d'opposer Johnnie To et John Woo, réalisateur premier degré, que certains rapprocheraient un peu facilement. John Woo, sur le visage duquel on n'imagine aucun sourire lors de l'énième envol de pigeons de Mission Impossible 2. Johnnie To est bien plus grand que John Woo, et Johnnie To (ou tard) sera reconnu à sa juste valeur.

lundi 16 juillet 2007

J'ai des absences

Ce n'est pas ce que j'ai déclaré récemment à mon docteur mais un simple constat : je néglige mon blog.
Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. Dans le désordre le plus total. Parce que j'ai "travaillé" sur un autre projet qui me tient à coeur si les potes ne laissent pas tomber. Hein les gars ! Parce qu'à force de candidatures, le téléphone commence à sonner pour des entretiens. Enfin et surtout parce qu'il était plus que temps que je m'occupe de ma Friandise de la mer et que je lui prouve qu'il y a une vie pour moi, pour nous, en dehors de ssbsong.
Alors ce week end je nous ai organisé une petite balade à vélo sur les bords de Marne et, chose incroyable, sous le soleil . C'etait une superbe journée. Mention spéciale à cette famille de cygnes à qui nous avons donné quelques bouts de madeleine qu'ils attrapaient avec leur bec, ça pince un peu, directement au bout de nos doigts tendus.
Aujourd'hui, il pleut à nouveau. J'ai passé une bonne partie de la journée à dormir, dans le lit ce matin, sur le canapé cette après-midi m'assoupissant sur une grille de Sudoku, ce qui m'a rendu inévitablement d'une humeur assez merdique.

Ah oui ! Sinon je suis assez déçu de n'avoir reçu aucun commentaire sur le design alternatif que je propose sur le blog. Peut-être n'avez-vous pas essayé les liens "rose | rouge". Je vous les conseille.

jeudi 5 juillet 2007

Par le menu

09h30 - Grand crème
10h00 - Grand crème
11h00 - Prozac
16h30 - Pringles
17h00 - Nuggets de poulet et pommes noisettes

Qu'est-ce qu'on mange ce soir ?

Prends soin de toi

A Noël dernier, ma Friandise de la mer m'a offert un bon pour un soin complet du visage chez Nickel. J'ai attendu, longtemps, de me sentir prêt. Pourquoi prendre soin de ma gueule alors que mon âme même est en friche ?
J'ai donc fini par m'y rendre. Ce fut une heure fort agréable. Vas-y que je te tartine de la racine des cheveux jusqu'aux épaules que je masse en douceur, vas-y que je te gomme, que je te masse les mains pendant que je te vaporise la face, que j'extermine tes points noirs, que je te retartine, que je te masque, que je te rince et que je te renvoie chez toi heureux et détendu.

Meurci m'sieurs, dames.

vendredi 29 juin 2007

Thanks Mister Tarantino

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jeudi 28 juin 2007

Thanks Mister Bonnaud

A très bientôt.

Le plaisir est dans la durée

Je me souviens d’un reportage sur le tournage de Bleu de Kristof Kieslowski. Il expliquait comment il avait fait fabriquer un sucre particulier qui s'imbibe en cinq secondes. En effet, la Binoche installée au comptoir d'un bar devait se faire un canard. KK souhaitait que cette scène ait une durée significative, qu'elle s'imprime, il fallait donc qu'elle dure un temps suffisant, mais qu’il ne souhaitait pas trop long. Un sucre normal s'imbibe en huit secondes, il en a donc fait fabriquer un qui brunisse entièrement en cinq secondes.
Si je vous parle de ça, c'est que je suis allé voir un film magnifique. I don't want to sleep alone de Tsai Ming-liang. Et j'ai retrouvé tout le plaisir de la durée au cinéma. Le plaisir d'un cinéma qui prend son temps, dont le sens infuse lentement - je passe allégrement du café de KK au (cacao ?) thé. Le film est entièrement composé de plans fixes. Tout l'art de Tsai Ming-liang est de savoir où placer sa caméra, et c'est toujours au parfait endroit. Les mouvements à l'écran sont alors ceux des êtres et des objets. Et c'est de là que naît le sens, de ce mouvement, de ces gestes, si beaux. Ainsi se retrouve-t-on à regarder une rue de nuit, dans une longue perspective oblique, puis ça se met à bouger. Tout en haut à droite de l'écran, suivant cette grande diagonale, un groupe d'hommes avance, tant bien que mal, portant un matelas sur leurs épaules et leur tête. Après tout ce vide, cette immobilité, c'est la vie elle-même qui nous apparaît.
Cette façon de procéder atteint son paroxysme dans la scène finale. On contemple un plan d'eau, pendant un temps qui aux yeux de KK serait sans doute abusivement long, puis, sans qu'on en soit vraiment sûr dans un premier temps, quelque chose arrive tout doucement vers nous comme descendant du haut de l'écran. De la poésie pure.
L'un des acteurs principaux du film, Lee Kang-sheng, joue deux personnages, c'est écrit au générique, mais comme l'a dit quelqu'un dans la salle : "J'en étais sûr. A cause de la tache". En effet, on voit le torse des deux personnages en question et tous deux ont une tache sur la peau juste sous le sein droit. Si je tiens à relever ce point, c'est que ces personnages ont un trait commun : ils ne disent pas un mot de tout le film. L'un des deux est allongé dans un état végétatif, l'autre, apparemment, ne maîtrise pas la langue, le malais. C'est autour de ce dernier, de son corps, qui lui aussi a besoin de soins et d'une grande attention, de son silence, que vont prendre corps tous les désirs des autres personnages.
Enfin, pour conclure, je me permettrai de faire un lien entre ce film et les autres films de Tsai Ming-liang. Dans chacun de ses films, il y a une sorte de dérèglement de la nature. Le cadre dans lequel évoluent les personnages est soumis à une contrainte contre laquelle on ne peut rien et qui constitue un élément essentiel du film. Je pense en particulier à The Hole. Les personnages sont enfermés dans leur immeuble à cause d'une pluie torrentielle qui refuse de cesser. On peut penser aussi à La Saveur de la pastèque, dans lequel les gens souffrent d'une pénurie d'eau. Ici, ce sont les fumées d'un incendie pourtant lointain, qui, portées par le vent, envahissent tout l'espace et transforment jusqu'aux visages des gens dissimulés derrière des masques de fortune.

jeudi 21 juin 2007

Thanks Mister Wolfe - Fuck Patois / Shit Patois course

In Fuck Patois, the word fuck was used as an interjection ("what the fuck" or plain "Fuck," with or without an exclamation point) expressing unhappy surprise; as a participial adjective ("fucking guy," "fucking tree," "fucking elbows,") expressing disparagement or discontents; as an adverb modifying and intensifying an adjective ("pretty fucking obvious") or a verb ("I'm gonna fucking kick his ass"); as a noun ("That stupid fuck," "don't give a good fuck"); as a verb meaning Go away ("Fuck off"), beat-physically, financially, or politically ("really fucked him over") or beaten ("I'm fucked"), botch ("really fucked that up"), drunk ("You are so fucked up"); as an imperative expressing contempt ("Fuck you," "Fuck that"). Rarely - the usage had become somewhat archaic - but every now and then it referred to sexual intercourse ("He fucked her on the carpet in front of the TV").

Charlotte had been aware of Fuck Patois from the day she arrived at Dupont, [...] she realized how cool it apparently was to use shit in every way possible: to mean possessions ("Where is your shit?"), lies or misleading explanations ("Are you shitting me?" "We need a shit detector"), drunk ("shit-faced"), trouble ("in deep shit"), ineptitude ("couldn't play point guard for shit"), care about ("give a shit"), rude, thoughtless, disloyal ("really shitty thing to do"), not kidding ("not shit?"), obnoxiously unpleasant ("he's a real shit"), mindless conversation ("talking shit," "shooting the shit"), confusing story ("or some such shit"), drugs ("you bring the shit?"), to egest ("take a shit"), to fart in such a way that it becomes partly egestion ("shart"), a trivial matter ("a piece a shit"), unpleasantly surprised ("he about shit a brick"), ignorance ("he don't know shit"), pompous man ("the big shit," "that shitcake"), hopeless situation ("up Shit Creek"), disappointement ("oh, shit!"), startling ("holy shit"), unacceptable, inedible ("shit on a shingle"), strategy ("oh, that shit again"), feces, literally ("shit"), slum ("some shithook neighborhood"), meaningless ("that don't mean shit"), et cetera ("and massages and shit"), self-important ("he think"s he's some shit"), predictably ("sure as shit"), very ("mean as shit"), verbal abuse ("gave me a shit"), violence ("before the shit came down" or "hit the fan," "don't start no shit," "won't be no shit").

vendredi 15 juin 2007

Vous me le copierez vingt fois

A ma Loupiote

Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste
Je suis narcissique, égocentrique et égoïste

... mais je me soigne.

jeudi 14 juin 2007

Le plaisir est dans la matière

J'ai passé la fin de semaine dernière, essuyant au passage quelques tempêtes avec ma truffette de compèt qui me traitait de nerd, à essayer d’installer sur mon blog la fameuse radioblog. Je me suis escrimé, j'ai téléchargé tout ce qu'il fallait, trouvé un super tutorial, ouvert un puis deux espaces persos chez des hébergeurs gratuits afin de tout installer, j'ai inclus l'eframe comme il faut dans mon blog de test... et je n'ai jamais pu lire le moindre morceau. Cela vira vite à l'obsession. Le fantasme de pouvoir diffuser la musique que j'aime aux quelques veinards qui par hasard se seraient égarés sur ssbsong. Mais ça n'a pas voulu marcher. De plus les mises en garde multiples que j'ai pu lire concernant les droits d'auteur avaient entre temps réussi à me stresser. La radioblog ssbsong n'existera peut-être jamais.
Ce dimanche, je me suis laissé tenter par une de mes occupations dominicales favorites depuis quelques mois déjà : traîner dans un vide-grenier (celui de Belleville pour être précis). Ma truffette de compèt n'apprécie pas de trop ma façon de faire les vide-greniers : je marche comme un zombie, les yeux au ras du sol et m'accroupis toutes les 3 minutes devant les cartons de vinyles. J’ai appris à me méfier, les stands où on peut voir plusieurs caisses et où les vinyles sont classés par catégories, je sais désormais par avance que je ne trouverais rien à moins de 15, 20 euros. Et le plus grand des plaisirs est de revenir avec un maximum de disques pour la plus petite somme.
J'ai eu le gros lot :
- The Temptations / All Directions
- David Bowie / Scary Monsters
- Donna Summer / Greatest Hits Volume One
- Dionne Warwick / Greatest Hits Of The 60's - avec Walk on by, chanson incroyable dont je vous conseille également les versions de Isaac Hayes (monstrueux) et des Stranglers (énergisant) .
- Crosby, Stills, Nash and Young / 4 Way Street (live) - un double très rayé mais passionnant
- Laurent Voulzy / Rockollection Version Intégrale Club - en maxi 45 tours
- Creedance Clearwater Revival / Cosmo's Factory
- L'age d'or d'Hollywood / enregistrements originaux de musiques et chansons de film : Fred Astaire, Judy Garland, Marlon Brando...
- Dizzy Gillespie / The Dizzy Gillespie Big 7 At The Montreux Jazz Festival 1975
- Marilyn Monroe / Goodbye Primadonna

Et merde je viens de cramer les courgettes...

En cette époque où on proclame haut et fort la mort du disque, que l'avenir de la musique est dans la dématérialisation, moi je déclare que le plaisir est dans la matière. Une grande et belle pochette de 30 cm par 30, usée dans les coins et qui sent bon la vieille pierre humide de la cave où elle a longtemps été reléguée, un disque noir, dense, mystérieux, plus ou moins lisse, plus ou moins brillant, les scratchs et les pocs, voilà qui réchauffe le coeur.


© Jérémie K.

vendredi 8 juin 2007

House à la maison

La semaine touche à sa fin et hier j'ai passé le plus clair de mon temps, non pas "dans ma chambre noire", mais à regarder des vidéos sur Internet.
Brillant! Je suis assez fier de moi. Au lieu de chercher un emploi, de lire des annonces et d'écrire de nouvelles et stimulantes lettres de motivation, je jongle entre youtube et dailymotion au gré de mes envies.
La bonne surprise, je me suis offert le plaisir de regarder l'épisode 9, pioché au hasard, de la saison 3 de Dr House... et c'était chouette. Un peu ignare, j'apprenais il y a quelques jours de ma truffette de compét le mot spoiler. Et quel que soit le plaisir que j'ai pris, il est bien clair qu'un tel raccourci gâche pas mal du plaisir de la découverte.
Je ne vais pas parler de la créativité de la production télévisuelle américaine ni me lancer dans un comparatif des séries états-uniennes et françaises, mais laissez-moi vous conter ceci. Il y a encore quelques mois, la surconsommation que je faisais de séries télé commençait à me lasser. La courte durée devenait frustrante, les mécaniques d'addiction me semblaient de plus en plus grossières et chaque épisode d'une quelconque série me donnait l'envie de retourner au cinéma. J'avais envie de voir des films, des objets originaux, entiers, longs, de ne pas être dans la frustration des 50 minutes, de ne pas être dans l'attente du prochain numéro.
Puis, nous avons acheté l'intégrale de la saison 1 des Soprano, puis la 2. Puis ce fut la découverte du Dr House. Et me voilà à nouveau intoxiqué, proposant à ma truffette de compèt de regarder quelques épisodes des Soprano dès qu'elle me demande ce qu’on pourrait faire et attendant fébrilement le mercredi soir de rentrer fourbu de la boxe pour manger ma paella surgelée devant les deux épisodes de Dr House. Je ne saurais même pas dire si Dr House est une si bonne série que ça, mais le personnage de Gregory House est sans doute le plus jubilatoire qu'ait accueilli mon téléviseur depuis bien longtemps. Ma truffette de compèt, un peu lasse, vous dirait qu'elle me trouve très immature, très adolescent ces derniers temps... vraiment je vois pas.

vendredi 1 juin 2007

Spaghetti / Radio / Tanger

Je viens de me faire un plat de spaghetti : al dente, juste un peu de sel, de poivre, une tomate fraîche grossièrement coupée et un filet d'huile d'olive. Si vous n'avez jamais essayé je vous le conseille vivement. Parfait!
Lundi matin, je suis allé faire une radio de mes poumons de fumeur. Sachez que je vais être encore là quelques années. Les bronchites à répétition depuis le mois de février ont poussé mon docteur à me faire une ordonnance. Moi, je commençais à stresser. C'est fou le soulagement que cela m'a procuré d'apprendre qu'il n’y avait rien de grave. J'ai été euphorique pour le reste de la journée. Ouf!
J'ai été pris ce matin d'une furieuse envie d'écouter Tanger. Après une recherche rapide sur le net, j'ai appris que j'avais raté leur concert le 29 mai à Paris, zut, et qu'un nouvel album est en préparation, cool.
Il y a cette chanson love song sur l'amour fol (le dernier album en date) qui me plonge dans un drôle d'état à chaque fois. Bouleversante!

jeudi 24 mai 2007

Pump up the JAMC

Je constate un peu affolé que le temps a filé depuis mon dernier post. Dans l'intervalle j'ai fêté mes 33 ans avec des amis, j'ai passé quelques jours avec ma Dulcinée en Bourgogne et fais pas mal de vaisselles.
Je suis en train d'écouter Neon Bible d'Arcade Fire. Ca me donne envie d'en dire un mot. A l'époque de la sortie de Funeral, je n’étais pas convaincu. Pas fan des Talking Heads qu'il me semblait retrouver dans leur musique, Arcade Fire me renvoyait l'image d'une musique des années 80 que j'avais ignorée. Et puis, sans doute poussé par l'emballement autour du disque, j'ai fini par me le procurer et il a tourné pendant des jours et des jours. Cet album reste toujours une source intarissable d’émerveillement et surtout de bonheur.
Je crois que comme beaucoup de gens qui aiment ce groupe c'est l'énergie festive qu'il dégage qui me touche le plus. Il y a une vraie puissance dans leur musique, une certaine grandiloquence aussi.
Neon Bible m'a d'abord laissé un peu froid et puis même punition... je crois que je suis fan.
Un ami m'a récemment parlé des concerts à emporter, je ne sais pas si vous connaissez, mais je vous les conseille. Voici le concert à emporter d'Arcade Fire, bonne illustration de cette énergie dont je parle.
Au fait, j'ai appris la participation de The Jesus and Mary Chain au festival Rock en Seine. J'ai appris par la même occasion leur reformation récente. JAMC, comme j’ai pu constater qu'on les appelle sur le web, c'est le premier concert - significatif et avouable - que j'ai vu de ma vie. Je pense que c'était en 92, l'année du bac. Ca se passait au Rockstore de Montpellier. Je me souviens que Thousand Yard Stares faisait la première partie et que je trouvais ça puissant. Et puis ça a commencé : lumières froides, fumigènes, une silhouette tout en cheveux et Gibson perchée je ne sais plus trop comment un peu au dessus de la scène, et soudain le son, une déferlante, une puissance sidérante, vrillant les oreilles et faisant accélérer le coeur. Je me souviens de ce concert comme un des meilleurs que j'ai vu. La fumisterie grandiose des frangins Reid rois du shoegazing qui, dans cette économie de gestes, arrivaient à produire un son surpuissant.
Je me souviens de mon corps frêle au milieu de corps suant la bière dans un pogo plutôt bon enfant, de perdre mes lunettes et de renoncer à m’en inquiéter pour profiter du concert, puis d’un gars me tapant sur l’épaule et, chose totalement improbable, me tendant gentiment mes lunettes intactes.
Un peu con, je me souviens que le lendemain au lycée je répétais à qui voulait bien l'entendre "j'en ai encore les oreilles qui bourdonnent".

Happy when it rains lors du concert de la reformation :

Putain je crois que je vais aller voir Arcade Fire et JAMC à Rock en Seine.

vendredi 11 mai 2007

J'aimais les comics

Quand j'étais petit, le mercredi après-midi, j'allais chez la voisine pour lire des comics. Son fils plus âgé que moi de quelques années avait tout ce qui se faisait dans le domaine : Strange, Spécial Strange, Titan, Spidey.
De même qu'à l'époque je n'appelais pas ces BD de Super Héros des comics, je crois me souvenir que je ne lisais pas les bulles et me contentais de regarder les images.
J'ai donc grandi en lisant les aventures de tous ces personnages hauts en couleur, ma préférence allant rapidement aux X-men car je trouvais Peter Parker trop niais. C'est d'abord Cyclope qui remporta tous les suffrages, puis en grandissant ce fut le bien moins lisse Serval (aujourd'hui plus connu sous son nom anglais Wolverine) qui m'enthousiasma le plus.
Au cours des années qui suivirent cet âge premier auquel j'éprouvais un appétit insatiable pour les aventures des super héros, j'ai parfois cédé à l'envie de les retrouver. Il m'arrivait alors d'acheter un fascicule à l'occasion d'un passage chez le marchand de journaux. Je rentrais vite à la maison, pour pouvoir lire mon nouvel achat. La chose se déroulait toujours de la même façon. Une réelle excitation, le plaisir de retrouver ces personnages que je connaissais par coeur... puis une totale frustration, une déception, peut-être tout simplement un profond ennui.
Il y a quelques années maintenant, l'évolution du cinéma et des effets spéciaux aidant, on a vu débarquer sur les écrans tout un tas de super héros et de super vilains (j'adore cette expression*). J'accueillis alors tout ça avec un enthousiasme d'adolescent attardé. Je ne m'attarderai pas sur Hulk, Daredevil ou The Punisher, que je trouve tous affligeants, mais Spiderman et les X-men me ravirent.
J'éprouvais une vraie jubilation à voir mes héros de jeunesse s'animer et vivre leurs aventures sous mes yeux.
J'ai récemment motivé ma Dulcinée à m'accompagner au cinéma pour voir Spiderman 3. J'ai vraiment aimé les deux premiers épisodes, surtout le deuxième, et je ne vais pas m'en cacher. Je crois que Sam Raimi a vraiment fait du bon boulot. Mais voilà, le 3 est très décevant. Pas désagréable mais décevant, et une fois cette déception assumée je me surprends à ressentir ce même ennui dans lequel me plongeaient les lectures tardives des comics.
Il en va de même des X-men. Là encore sans doute par le travail du réalisateur Bryan Singer, j'ai pris un grand plaisir à voir les deux premiers films. Puis le troisième m'a laissé une drôle d'impression. C'est sans doute des 3 le plus proche de ce que l'on pouvait lire dans les BD et dans le même temps, ou peut-être de ce fait même, il est totalement décevant.
Ces deux déceptions ont pour effet de remettre les choses à leur place. De même que les comics sont de la BD médiocre plutôt destinée aux enfants et aux ados, les films sont des grosses productions de cinéma d'action destinées à séduire le plus large public. Les gars de ma génération, ceux que je connais tout du moins, ont été aussi ravis que moi de voir ces films de super héros et je crois que nous avons joué un rôle non négligeable dans leur succès en salle. Seulement voilà, le divorce est consommé, impossible de faire machine arrière, toute tolérance est morte en même temps que l'enthousiasme, et tout se remet à sa juste place. Je crois que c'est ça le plus important, je viens de finir, avec la déception Spiderman 3, une phase dans ma pratique du cinéma et je le vis comme une ouverture. J'ai à nouveau envie de voir de belles choses, des choses étonnantes, j'ai envie d'être impressionné, ému comme je pouvais, savais, l'être il y a peu et, en même temps, si longtemps déjà. J'ai envie de découvrir des choses nouvelles dans les salles obscures, de retrouver une vraie curiosité, une certaine exigence. Qui saura me procurer des émotions telles que celles que je ressentis en voyant A scene at the sea de Takeshi Kitano dans une petite salle parisienne plutôt inconfortable ? Je ne le sais pas encore, mais je suis animé d’un nouveau désir.



*NdD (note de Dulcinée) : de l'anglais "villain" (lui même du français, ou plutôt de l'anglo-normand, mais bon..), qui signifie "méchant" pour un personnage. Donc oui, c'est drôle en français, mais c'est de l'anglais (qui vient du français). Suis-je claire ?

mercredi 2 mai 2007

A la racine

Vous êtes-vous déjà demandé d'où viennent vos choix, vos préférences en matière de musique ? Qu'est-ce qui fait que vous préférez telle chanson à telle autre, tel artiste à tel autre ? J'ai un peu abordé cette question dans le précédent post, mais je voudrais élargir cette question à la façon dont se décident nos goûts. Beaucoup de gens disent que les goûts musicaux se déterminent très tôt. Il est clair qu'il est rare de trouver des gens qui suivent vraiment les évolutions, les tendances nouvelles de la musique. Je suis toujours fasciné par les défricheurs, les John Peel, les Bernard Lenoir, qui continuent à être toujours sur la brèche, sur la nouveauté, alors que passé un certain âge (je sais que John Peel est mort, c'est bon) bien souvent il n'y a au mieux que les disques de leur jeunesse qui peuvent émouvoir les gens.
Je ne suis pas très vieux, cette année j'aurai l'âge du christ à sa mort, mais déjà j'ai l'impression de vivre d'une certaine façon sur des acquis, mes préférences sont bien dessinées et il me semble avoir plus de résistance à la nouveauté. Mais cela étant dit qui peut dire quelle a été la première pierre de l'édifice de nos choix musicaux. Certains soutiennent que dans tout ce que l'on aime c'est une seule et même chose que l'on cherche. Chaque nouvel artiste, chaque nouveau disque qui nous touche répond à cette attente, souvent inconsciente et fondatrice.
A cette étape, il me faut vous raconter un événement assez troublant et important dans la compréhension, ou du moins l'intuition que je possède de ce qui détermine mes goûts musicaux.
Une après-midi d'été, dans mon appart vétuste de l'avenue de Clichy, ma Dulcinée et moi jouions au rami, mollement assis sur la moquette violette. A la radio, réglée sur Inter comme toujours, est passée une chanson qui a tout éclairé. J'étais littéralement chamboulé par ce que j'entendais. Cette chanson que je n'avais jamais entendue, était comme un concentré de tout ce que j'aime. Il me semblait entendre ce qui fait de Tindersticks, Calexico, Lambchop, pour ne citer que les principaux, mes artistes préférés depuis des années. Le plus fort c'était surtout que cette chanson rendait apparents les liens, révélait toutes les similitudes entre ces groupes de façon évidente. Enfin, le son indiquait clairement que cette chanson était antérieure à tous ces artistes et j'ai eu soudain l'impression d'avoir trouvé, identifié, la racine, l'essence de tout ce que je cherche inconsciemment dans la musique.
Vous vous demandez de quelle chanson je parle. Il s'agit de Summer Wine de Lee Hazlewood et Nancy Sinatra.



Depuis lors cette chanson est devenue une chanson fétiche pour ma Dulcinée et moi, et Lee Hazlewood probablement mon artiste préféré. Préféré pour ce qu'il a fait et pour ce qu'il a engendré, pour toutes les pousses que j'écoute et qui m'émeuvent depuis des années.
Moi qui ai longtemps ignoré, voire refusé, les classiques - je n'ai lu Madame Bovary que bien des années après la fin de mes années de lycée - je n'ai jusque tard rien voulu entendre de ce que la musique a produit avant Joy Division et donc avant l'année charnière 79. Il n'y a rien d'étonnant donc à avoir découvert les racines après les pousses. Ma Dulcinée, initiée à la musique par son papa et nourrie de très bonne heure par les Beatles, les Rolling Stones et Bowie, n'a pas de ce genre de surprise, elle a suivi le parcours "classique". L'avantage de cela c'est qu'elle ne s'émerveille pas pour un rien mais l'inconvénient et qu'elle ne se laisse pas facilement surprendre, puisque comme elle a réussi à me le faire admettre, les Beatles ont déjà tout fait.
Comment expliquer que ce qui détermine mes goûts musicaux ne me soit apparu qu'après coup, comme une révélation ? C'est sans doute que j'ai négligé quelque chose. J'ai parmi les quelques vinyles que j'ai acheté ces dernières années toutes les BO de western d'Ennio Morricone : Pour une poignée de dollars, Pour quelques dollars de plus, Le Bon, la brute et le truand, Il était une fois dans l'ouest, Il était une fois la révolution.
Quand j'étais petit, même pas encore adolescent, j'avais un petit électrophone. A l'époque je ne possédais que quelques 45 tours, dont la musique d'Ulysse 31 (si si). Un jour le père de la voisine et amie de ma soeur m'a prêté deux 45 tours, Le bon la brute et le truand, et Il était une fois dans l'ouest. Je crois que c'est là que tout s'est déterminé. Ce n'est que récemment que j'en ai pris conscience. Stuart Staples avoue une passion pour la musique de film et notamment pour Il était une fois dans l'ouest, la musique de Calexico pourrait illustrer de magnifiques westerns, Lee Hazlewood est un vrai cowboy (même en Suède)... Je crois que le point commun de tout ça, la jonction, c'est cette dimension western et un certain penchant pour les orchestrations magistrales.
La route a été très longue pour remonter à la racine, mais voilà, je crois avoir fait le tour et savoir où tout a commencé.

lundi 30 avril 2007

Comment parler des films que l'on n'a pas vus ?

Sans m'envoyer aucunement des fleurs, enfin juste le nécessaire, je suis devenu un expert dans cette discipline particulière qui consiste à parler des films que l’on n’a pas vus. En ce sens je me permets de plagier Pierre Bayard et son succès "Comment parler des livres que l'on a pas lus ?". Bien sûr, comme vous vous en doutez, ce livre remarquable de l'ami Bayard, je ne l'ai pas lu. Cela ne m'empêche pas d'en parler et c'est bien là le sujet de ce post, que bien sûr vous n'êtes aucunement obligé de lire, etc. Je ne connais donc pas le livre de Bayard, mais comme lui et comme tout le monde, je sais qu'il existe par exemple des livres qu'on ne lit pas mais qu'on "relit".
Passons, ne sommes-nous pas ici pour parler de cinéma ?
De quoi a-t-on besoin pour parler de film que l’on n’a pas vus ? Et bien, avant toute chose, il faut aimer le cinéma. Et oui, car on peut aimer le cinéma et ne pas y aller très souvent, il n’y a pas que du bon sur nos écrans. Il faut donc, dis-je, aimer le cinéma, et lire sur le cinéma. Je dis lire, je pense à la presse, mais en fait la radio et la télé - enfin la télé pas vraiment - peuvent aussi apporter des informations fort utiles. Il faut particulièrement être sensible aux génériques et avoir une bonne mémoire des noms. Je pars du principe que pour commenter n'importe quel film il faut connaître quelques noms de sa distribution et le nom du réalisateur. Si vous avez déjà vu un film du même réalisateur, alors c'est la situation idéale. Car il est rare d'être vraiment à coté de la plaque en jugeant un film à travers le précédent du même réalisateur, vous suivez ? Le cas échéant, si vous sentez que vous allez vous faire piéger, n'hésitez pas à citer le film que vous connaissez en disant que de votre point de vue il était meilleur, ou du moins que le réalisateur faisait alors preuve de plus d'audace. Prenons le cas de... hum c'est moins facile quand on écrit, laissez moi le temps de faire un tour sur google... prenons donc le cas d'Alejandro González Iñárritu : "oui 21 grammes est un bon film, j'admets qu'il a un style, mais je pense que le film vaut surtout par sa distribution, Sean Penn est impeccable comme toujours quand il en fait pas des caisses, et ça fait plaisir de retrouver Naomi Watts en bonne forme. En effet, on ne peut pas dire que depuis Mulholland Drive elle ait beaucoup brillé. Ceci dit, je ne sais pas si tu as vu le premier film d' AGI, Amores Perros (ne jamais hésiter à citer les films en VO, vous n'êtes pas à l'abri de passer pour un blaireau, mais ça n'a jamais tué personne), mais c'était autre chose. Quelle intensité ! 41 grammes à coté c'est carrément Hollywood. Par contre, je pense que tu m'en voudras pas de passer rapidement sur Babel, dans lequel AGI poursuit son parcourt Hollywoodien en embauchant Brad Pitt. Là c'est plus un style qu'il a, ce sont carrément des tics et ce scénario, ces différentes histoires aux 4 coins du monde, ce propos "tout est lié", "le monde est petit" est pour le moins douteux."
Bon, vous vous en doutez surtout si vous avez vu les films, je n'en ai vu qu'un... Mulholland Drive. Il est évident qu'il peut vous arriver de vous retrouver le bec dans l'eau. Il vous faut alors êtres prudent et toujours avoir des données sûres. C'est pour ça qu'il faut s'intéresser au cinéma, et connaître les noms d'un max de gens.



Faisons un exercice pratique. Si je prends par exemple Mulholland Drive, film que j'ai vu me direz-vous, voici ce que j'aurais pu en dire si je ne l'avais pas vu. Mettons que j'ai vu Lost highway, le précédent film de David Lynch, si vous ne savez pas que Mulholland Drive est un film de David Lynch, la démonstration s'arrête ici... que je connaisse l'affiche, que j'ai vu la moindre bande annonce, sur internet, à la télé, alors si je décide que j'ai aimé je peux dire :
"Mulholland Drive ça m'a vraiment secoué, c'est vrai qu'on y comprend pas grand chose, mais c'est vraiment un cinéma sensoriel, qui agit sur tous les sens du spectateur. Ce travail incroyable sur le son, c'est le seul à travailler autant sur la matière sonore de es films, déjà dans Lost Highway, mais même pour la télé dans Twin Peaks, je me souviens le son lent et répétitif du lourd ventilateur au plafond - au fait tu sais que Mulholland Drive devait être une série télé au départ ? Puis y a les actrices, elles sont super bonnes (ou magnifiques selon votre style personnel). Je suis sorti de la salle, il faisait encore jour je me sentais complètement déconnecté du monde. Une vraie claque !"
Vous allez me dire : "Tu as vu le film. Facile pour toi", oui je vous autorise à me tutoyer, et bien je vous propose le test suivant : vous reprenez le même texte, vous supprimez les "actrices super bonnes" (Laura Dern, c'est pas mon genre), vous remplacez Lost Highway par Mullholland Drive, vous supprimez "devait être une série télé", vous remplacer "une vrai claque !" par "une expérience inédite !". Enfin, dernier ajustement, il faut ajouter "Cette fois DL est allé encore plus loin dans l'expérimentation. Il a trouvé une vraie liberté dans l'usage de la DV".
Comme vous l'avez compris, vous ajoutez à cela une touche personnelle, quand même il ne faut pas tout attendre prémâché, et vous avez une critique de Inland Empire, que je n'ai pas vu, comme il se doit.
Vous avez aussi le droit de choisir de ne pas avoir aimé le film, alors bien sûr vous inversez tout. "DL va trop loin, c'est purement expérimental et imbitable, puis on en a marre de ces gimmicks, de sa fumée, de ses nains (même s'il n’y en a pas, personne ne vous reprochera cette approximation), depuis Lost Highway, largement meilleur, on connaît la méthode, je filme, je monte n'importe comment pour t'embrouiller, je fous des bruits bizarres partout, je noie le tout sous des couches de musique violon(euse, esque, ...) d'Angelo Badalamenti et hop, je passe pour un grand artiste. Je me demande si au bout du compte son meilleur film n'est pas Une Histoire vraie, là au moins il y avait une vraie authenticité."

Bon voilà, à vous de vous amuser à ce petit jeu désormais. Mais surtout, si je peux vous donner un conseil, vous devriez voir Lost Highway, Mulholland Drive et Une Histoire vraie. Ce sont d'excellents films.
Enfin, je dois vous avouer que souvent alors que j'aide les gens à trouver le titre d'un film, le nom d'un acteur, ou autre, une fois que j'en ai bien parlé je n'hésite pas à dire que je n'ai pas vu le film c'est souvent plus drôle.
"...tu sais le moment où...
- Je sais pas, je l’ai pas vu."

mardi 24 avril 2007

Musiques crispantes

En m'inspirant du film Sweet Sweetback's Baadasssss Song, que je n'ai pas vu - j'y reviendrai - mais surtout de la BO composée par Melvin Van Peebles, le réalisateur lui-même, pour créer le pseudo qui me servira d'identité en ces lieux, je me sens contraint de proposer en guise de premier post quelques réflexions sur les musiques crispantes.
Je vais commencer par préciser ce que j'entends par musiques crispantes. Ce sont ces disques que l'on écoute, que l'on apprécie, qui insupportent notre entourage. Force est par ailleurs de constater que ce n'est pas le moindre de leurs intérêts. Mais pourquoi ces disques irritent-ils nos petits camarades, voire notre Dulcinée, surtout elle, ou même si l'on travaille dans un milieu cool, nos collègues de bureau ? Personne ne peut tout aimer en termes de musique, chacun a ses préférences mais il faut bien admettre que l'on peut tout supporter, du moins la plupart du temps. Par exemple, il m'est arrivé de me surprendre à chantonner en faisant mes courses, et en cela imitant toutes les personnes présentes à cet instant dans le Franprix ou je me trouvais, "Ma liberté de penser" de Florent Pagny, alors que l'envie de suicide devrait être la seule réaction en accord avec mon appréciation de la dite chanson. Pourquoi donc un tel rejet vis-à-vis de ces musiques ? Cela tient à mon avis à deux choses. L'idée que se font les gens de ce que doit être une mélodie et l'interprétation elle-même ou du moins ce que les gens entendent par bien chanter ou même chanter juste.
Il y a des années, encore étudiant, j'apprenais de notre prof de sociologie que la plupart des gens confondent mélodie et arrangements et, ce qui pose problème, déclarent que c'est la mélodie qui détermine leur préférence. Eh oui c'est la sauce, l'enrobage, le glaçage, dis-je sans peur de filer la métaphore culinaire, qui touche les gens et non la mélodie. C'est sur ce point que j'ai envie d'introduire mon premier invité de marque : Daniel Johnston.

J'ai découvert cet artiste avec son album Yip Jump Music. Ce garçon qui souffre de problèmes psychiatriques enregistre alors son album en autoproduction avec un orgue passablement pourri sur un magnétophone dont on entend clairement les touches qui s'enfoncent en début de prise de son. Si comme moi, vous avez passé la trentaine, vous avez peut-être vous aussi possédé un magnéto à cassette et savez parfaitement de quel son je parle. Daniel Johnston compose des mélodies magnifiques et imbattables comme peu savent le faire, mais la qualité de ses enregistrements, de l'époque tout au moins, est assez catastrophique. Pas de sucre, pas de sauce, reste la base, le tout joué approximativement avec des instruments plutôt dissonnants. Mais cela ne serait peut-être pas si pénible aux oreilles des gens si DJ ne chantait pas "faux". En effet, sa voix d'enfant, parfois stridente, souvent éraillée, toujours à la limite, voire juste au-delà est sûrement la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Et voici un autre élément qui caractérise les musiques crispantes : les gens n'ont aucune gêne, alors que la modération est souvent de rigueur, "les goûts et les couleurs...", à dire que "c'est à chier", et souvent d'ajouter que leur avis est purement objectif.
J'ai le sentiment que l'on reprocherait volontiers à mon message d'être long, peut-être devrais-je pondre un post sur les blogs crispants un de ces jours, aussi je vais arrêter ce premier papier avec quelques références :
- Daniel Johnston, Yip Jump Music ;
- Melvin Van Peebles, Sweet Sweetback's Baadasssss Song, délicieusement crispant ;
- Certains disques de Will Oldham, faites quelques recherches, ce gars a plein de pseudos ;
- William Shatner, si si, le gars de Star Trek ;
Ce n'est pas exhaustif, peut-être avez-vous en stock quelques références crispantes dont vous êtes friands, ce sont juste quelques-unes des miennes.