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jeudi 24 mai 2007

Pump up the JAMC

Je constate un peu affolé que le temps a filé depuis mon dernier post. Dans l'intervalle j'ai fêté mes 33 ans avec des amis, j'ai passé quelques jours avec ma Dulcinée en Bourgogne et fais pas mal de vaisselles.
Je suis en train d'écouter Neon Bible d'Arcade Fire. Ca me donne envie d'en dire un mot. A l'époque de la sortie de Funeral, je n’étais pas convaincu. Pas fan des Talking Heads qu'il me semblait retrouver dans leur musique, Arcade Fire me renvoyait l'image d'une musique des années 80 que j'avais ignorée. Et puis, sans doute poussé par l'emballement autour du disque, j'ai fini par me le procurer et il a tourné pendant des jours et des jours. Cet album reste toujours une source intarissable d’émerveillement et surtout de bonheur.
Je crois que comme beaucoup de gens qui aiment ce groupe c'est l'énergie festive qu'il dégage qui me touche le plus. Il y a une vraie puissance dans leur musique, une certaine grandiloquence aussi.
Neon Bible m'a d'abord laissé un peu froid et puis même punition... je crois que je suis fan.
Un ami m'a récemment parlé des concerts à emporter, je ne sais pas si vous connaissez, mais je vous les conseille. Voici le concert à emporter d'Arcade Fire, bonne illustration de cette énergie dont je parle.
Au fait, j'ai appris la participation de The Jesus and Mary Chain au festival Rock en Seine. J'ai appris par la même occasion leur reformation récente. JAMC, comme j’ai pu constater qu'on les appelle sur le web, c'est le premier concert - significatif et avouable - que j'ai vu de ma vie. Je pense que c'était en 92, l'année du bac. Ca se passait au Rockstore de Montpellier. Je me souviens que Thousand Yard Stares faisait la première partie et que je trouvais ça puissant. Et puis ça a commencé : lumières froides, fumigènes, une silhouette tout en cheveux et Gibson perchée je ne sais plus trop comment un peu au dessus de la scène, et soudain le son, une déferlante, une puissance sidérante, vrillant les oreilles et faisant accélérer le coeur. Je me souviens de ce concert comme un des meilleurs que j'ai vu. La fumisterie grandiose des frangins Reid rois du shoegazing qui, dans cette économie de gestes, arrivaient à produire un son surpuissant.
Je me souviens de mon corps frêle au milieu de corps suant la bière dans un pogo plutôt bon enfant, de perdre mes lunettes et de renoncer à m’en inquiéter pour profiter du concert, puis d’un gars me tapant sur l’épaule et, chose totalement improbable, me tendant gentiment mes lunettes intactes.
Un peu con, je me souviens que le lendemain au lycée je répétais à qui voulait bien l'entendre "j'en ai encore les oreilles qui bourdonnent".

Happy when it rains lors du concert de la reformation :

Putain je crois que je vais aller voir Arcade Fire et JAMC à Rock en Seine.

vendredi 11 mai 2007

J'aimais les comics

Quand j'étais petit, le mercredi après-midi, j'allais chez la voisine pour lire des comics. Son fils plus âgé que moi de quelques années avait tout ce qui se faisait dans le domaine : Strange, Spécial Strange, Titan, Spidey.
De même qu'à l'époque je n'appelais pas ces BD de Super Héros des comics, je crois me souvenir que je ne lisais pas les bulles et me contentais de regarder les images.
J'ai donc grandi en lisant les aventures de tous ces personnages hauts en couleur, ma préférence allant rapidement aux X-men car je trouvais Peter Parker trop niais. C'est d'abord Cyclope qui remporta tous les suffrages, puis en grandissant ce fut le bien moins lisse Serval (aujourd'hui plus connu sous son nom anglais Wolverine) qui m'enthousiasma le plus.
Au cours des années qui suivirent cet âge premier auquel j'éprouvais un appétit insatiable pour les aventures des super héros, j'ai parfois cédé à l'envie de les retrouver. Il m'arrivait alors d'acheter un fascicule à l'occasion d'un passage chez le marchand de journaux. Je rentrais vite à la maison, pour pouvoir lire mon nouvel achat. La chose se déroulait toujours de la même façon. Une réelle excitation, le plaisir de retrouver ces personnages que je connaissais par coeur... puis une totale frustration, une déception, peut-être tout simplement un profond ennui.
Il y a quelques années maintenant, l'évolution du cinéma et des effets spéciaux aidant, on a vu débarquer sur les écrans tout un tas de super héros et de super vilains (j'adore cette expression*). J'accueillis alors tout ça avec un enthousiasme d'adolescent attardé. Je ne m'attarderai pas sur Hulk, Daredevil ou The Punisher, que je trouve tous affligeants, mais Spiderman et les X-men me ravirent.
J'éprouvais une vraie jubilation à voir mes héros de jeunesse s'animer et vivre leurs aventures sous mes yeux.
J'ai récemment motivé ma Dulcinée à m'accompagner au cinéma pour voir Spiderman 3. J'ai vraiment aimé les deux premiers épisodes, surtout le deuxième, et je ne vais pas m'en cacher. Je crois que Sam Raimi a vraiment fait du bon boulot. Mais voilà, le 3 est très décevant. Pas désagréable mais décevant, et une fois cette déception assumée je me surprends à ressentir ce même ennui dans lequel me plongeaient les lectures tardives des comics.
Il en va de même des X-men. Là encore sans doute par le travail du réalisateur Bryan Singer, j'ai pris un grand plaisir à voir les deux premiers films. Puis le troisième m'a laissé une drôle d'impression. C'est sans doute des 3 le plus proche de ce que l'on pouvait lire dans les BD et dans le même temps, ou peut-être de ce fait même, il est totalement décevant.
Ces deux déceptions ont pour effet de remettre les choses à leur place. De même que les comics sont de la BD médiocre plutôt destinée aux enfants et aux ados, les films sont des grosses productions de cinéma d'action destinées à séduire le plus large public. Les gars de ma génération, ceux que je connais tout du moins, ont été aussi ravis que moi de voir ces films de super héros et je crois que nous avons joué un rôle non négligeable dans leur succès en salle. Seulement voilà, le divorce est consommé, impossible de faire machine arrière, toute tolérance est morte en même temps que l'enthousiasme, et tout se remet à sa juste place. Je crois que c'est ça le plus important, je viens de finir, avec la déception Spiderman 3, une phase dans ma pratique du cinéma et je le vis comme une ouverture. J'ai à nouveau envie de voir de belles choses, des choses étonnantes, j'ai envie d'être impressionné, ému comme je pouvais, savais, l'être il y a peu et, en même temps, si longtemps déjà. J'ai envie de découvrir des choses nouvelles dans les salles obscures, de retrouver une vraie curiosité, une certaine exigence. Qui saura me procurer des émotions telles que celles que je ressentis en voyant A scene at the sea de Takeshi Kitano dans une petite salle parisienne plutôt inconfortable ? Je ne le sais pas encore, mais je suis animé d’un nouveau désir.



*NdD (note de Dulcinée) : de l'anglais "villain" (lui même du français, ou plutôt de l'anglo-normand, mais bon..), qui signifie "méchant" pour un personnage. Donc oui, c'est drôle en français, mais c'est de l'anglais (qui vient du français). Suis-je claire ?

mercredi 2 mai 2007

A la racine

Vous êtes-vous déjà demandé d'où viennent vos choix, vos préférences en matière de musique ? Qu'est-ce qui fait que vous préférez telle chanson à telle autre, tel artiste à tel autre ? J'ai un peu abordé cette question dans le précédent post, mais je voudrais élargir cette question à la façon dont se décident nos goûts. Beaucoup de gens disent que les goûts musicaux se déterminent très tôt. Il est clair qu'il est rare de trouver des gens qui suivent vraiment les évolutions, les tendances nouvelles de la musique. Je suis toujours fasciné par les défricheurs, les John Peel, les Bernard Lenoir, qui continuent à être toujours sur la brèche, sur la nouveauté, alors que passé un certain âge (je sais que John Peel est mort, c'est bon) bien souvent il n'y a au mieux que les disques de leur jeunesse qui peuvent émouvoir les gens.
Je ne suis pas très vieux, cette année j'aurai l'âge du christ à sa mort, mais déjà j'ai l'impression de vivre d'une certaine façon sur des acquis, mes préférences sont bien dessinées et il me semble avoir plus de résistance à la nouveauté. Mais cela étant dit qui peut dire quelle a été la première pierre de l'édifice de nos choix musicaux. Certains soutiennent que dans tout ce que l'on aime c'est une seule et même chose que l'on cherche. Chaque nouvel artiste, chaque nouveau disque qui nous touche répond à cette attente, souvent inconsciente et fondatrice.
A cette étape, il me faut vous raconter un événement assez troublant et important dans la compréhension, ou du moins l'intuition que je possède de ce qui détermine mes goûts musicaux.
Une après-midi d'été, dans mon appart vétuste de l'avenue de Clichy, ma Dulcinée et moi jouions au rami, mollement assis sur la moquette violette. A la radio, réglée sur Inter comme toujours, est passée une chanson qui a tout éclairé. J'étais littéralement chamboulé par ce que j'entendais. Cette chanson que je n'avais jamais entendue, était comme un concentré de tout ce que j'aime. Il me semblait entendre ce qui fait de Tindersticks, Calexico, Lambchop, pour ne citer que les principaux, mes artistes préférés depuis des années. Le plus fort c'était surtout que cette chanson rendait apparents les liens, révélait toutes les similitudes entre ces groupes de façon évidente. Enfin, le son indiquait clairement que cette chanson était antérieure à tous ces artistes et j'ai eu soudain l'impression d'avoir trouvé, identifié, la racine, l'essence de tout ce que je cherche inconsciemment dans la musique.
Vous vous demandez de quelle chanson je parle. Il s'agit de Summer Wine de Lee Hazlewood et Nancy Sinatra.



Depuis lors cette chanson est devenue une chanson fétiche pour ma Dulcinée et moi, et Lee Hazlewood probablement mon artiste préféré. Préféré pour ce qu'il a fait et pour ce qu'il a engendré, pour toutes les pousses que j'écoute et qui m'émeuvent depuis des années.
Moi qui ai longtemps ignoré, voire refusé, les classiques - je n'ai lu Madame Bovary que bien des années après la fin de mes années de lycée - je n'ai jusque tard rien voulu entendre de ce que la musique a produit avant Joy Division et donc avant l'année charnière 79. Il n'y a rien d'étonnant donc à avoir découvert les racines après les pousses. Ma Dulcinée, initiée à la musique par son papa et nourrie de très bonne heure par les Beatles, les Rolling Stones et Bowie, n'a pas de ce genre de surprise, elle a suivi le parcours "classique". L'avantage de cela c'est qu'elle ne s'émerveille pas pour un rien mais l'inconvénient et qu'elle ne se laisse pas facilement surprendre, puisque comme elle a réussi à me le faire admettre, les Beatles ont déjà tout fait.
Comment expliquer que ce qui détermine mes goûts musicaux ne me soit apparu qu'après coup, comme une révélation ? C'est sans doute que j'ai négligé quelque chose. J'ai parmi les quelques vinyles que j'ai acheté ces dernières années toutes les BO de western d'Ennio Morricone : Pour une poignée de dollars, Pour quelques dollars de plus, Le Bon, la brute et le truand, Il était une fois dans l'ouest, Il était une fois la révolution.
Quand j'étais petit, même pas encore adolescent, j'avais un petit électrophone. A l'époque je ne possédais que quelques 45 tours, dont la musique d'Ulysse 31 (si si). Un jour le père de la voisine et amie de ma soeur m'a prêté deux 45 tours, Le bon la brute et le truand, et Il était une fois dans l'ouest. Je crois que c'est là que tout s'est déterminé. Ce n'est que récemment que j'en ai pris conscience. Stuart Staples avoue une passion pour la musique de film et notamment pour Il était une fois dans l'ouest, la musique de Calexico pourrait illustrer de magnifiques westerns, Lee Hazlewood est un vrai cowboy (même en Suède)... Je crois que le point commun de tout ça, la jonction, c'est cette dimension western et un certain penchant pour les orchestrations magistrales.
La route a été très longue pour remonter à la racine, mais voilà, je crois avoir fait le tour et savoir où tout a commencé.